Le couteau : Salman Rushdie se raconte
Il revient sur la violente agression dont il fut victime
NEW YORK | (AFP) C’est sa façon de reprendre « le contrôle du récit ». L’écrivain Salman Rushdie raconte, dans Le couteau (bientôt en librairie), l’attaque qui a failli le tuer en 2022, dernier épisode d’une vie sous la menace depuis la parution des
Un jour d’été, en pleine conférence littéraire au bord des Grands Lacs américains, un homme se rue sur Salman Rushdie. Couteau à la main, il le poignarde à de multiples reprises, le blessant grièvement au visage, au cou et à l’abdomen. L’écrivain a notamment perdu la vue d’un oeil.
« Le livre, en soi, parle d’un couteau, mais lui-même est aussi un peu un couteau. Je n’ai ni armes ni couteaux, c’est donc l’outil que j’utilise. Et j’ai pensé que je l’utiliserais pour me battre », a expliqué l’Américano-Britannique, né en Inde, à la chaîne américaine ABC.
« C’est devenu ma façon de contrôler le récit, si l’on peut dire », a-t-il ajouté.
RAPPEL BRUTAL
L’homme qui bouleverse sa vie est un jeune Américain d’origine libanaise, sympathisant de la République islamique d’Iran. Un rappel « brutal » de la fatwa émise par Téhéran en 1989, avait déclaré le romancier en octobre dernier, lors de la foire internationale du livre de Francfort, en Allemagne.
L’écrivain avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication des
Versets sataniques en 1988, conduisant le fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, à émettre une fatwa réclamant son assassinat.
Il avait longtemps été contraint de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cachette en cachette.Avec les années, Salman Rushdie a pensé, faussement, que la menace avait fini par disparaître. « Pourquoi maintenant ? Vraiment ? Il s’est passé tant de temps », rapporte-t-il avoir songé quand son agresseur a fondu sur lui.
Le couteau ne mentionne pas le nom de son assaillant. L’auteur l’appelle « l’Imbécile qui s’est imaginé des choses sur mon compte ». Et il imagine de longues conversations avec lui, pour tenter de comprendre son acte.
UN CHOIX QUI S’IMPOSE
À propos de l’attaque elle-même, Salman Rushdie se souvient qu’il a pensé être « en train de mourir ». « Je n’éprouvais pas cela comme un drame ou une chose particulièrement horrible. Cela semblait simplement probable », raconte celui qui a perdu l’usage d’un oeil lors de l’agression.
Au départ, il ne voulait même pas écrire sur l’agression pour ne pas être réduit à cet événement comme il avait pu l’être après les Versets sataniques et la fatwa.
« Mais il est devenu évident que je ne pouvais pas écrire autre chose. Il fallait que j’écrive là-dessus d’abord, a-t-il raconté. Et puis c’est devenu un livre que j’avais vraiment très envie d’écrire. »