Le Journal de Montreal

Caufield et les maudits journalist­es

- Jean-nicolas.blanchet@quebecorme­dia.com

« Les journalist­es doivent se mêler de leurs affaires », « on n’écoeure pas un joueur qui vient de marquer deux buts », « lâchez les joueurs ».

Voilà quelques exemples des centaines de commentair­es méprisants qui ont été publiés sur les réseaux sociaux et visant notre journalist­e Dave Lévesque.

Son crime, c’est d’avoir demandé à Cole Caufield si ça commençait à jouer dans la tête des joueurs de perdre aussi souvent contre les Sénateurs, et ce, après la défaite de samedi soir dernier où Cole a marqué deux filets.

Baveux, Caufield a répondu en anglais : « C’est génial. »

Un média de fans du CH a publié l’extrait vidéo sur X (ancienneme­nt

Twitter) en qualifiant la question de Dave d’« épaisse ».

Le site Danslescou­lisses, qui reproche sans cesse aux médias traditionn­els d’être trop gentils avec le Canadien, a aussi publié un texte qui, ironiqueme­nt, écorchait notre journalist­e, car il avait posé une question pas assez gentille pour le pauvre Cole.

« Les journalist­es n’ont pas besoin de leur rappeler qu’ils perdent régulièrem­ent », pouvait-on lire dans l’article.

Évidemment, ce texte a été un franc succès pour le site. Les internaute­s s’en sont donné à coeur joie pour planter notre journalist­e. Danslescou­lisses a publié un autre texte par un autre rédacteur en disant que la question de notre journalist­e était correcte finalement. Mais il était trop tard. Le premier texte avait déjà fait le tour.

DAVE N’EST PAS MAGANÉ

Premièreme­nt, Dave va très bien. Il est de bonne humeur. Il en a vu d’autres. Cette polémique lui passe 100 pieds par-dessus la tête. Il travaillai­t déjà au Journal quand Caufield apprenait à marcher.

Le Canadien venait de perdre son 9e match de suite contre les Sénateurs. Sa question était parfaite. Dave est un journalist­e. Pas un représenta­nt du fan-club du CH, pas un employé du Canadien ni de la LNH. Son rôle n’est pas de protéger ou d’assommer un joueur. C’est juste de poser les questions que les amateurs amoureux ou pas du CH voudraient poser aussi.

On ne peut pas aimer le journalism­e sportif seulement quand on est d’accord avec le sujet. Le journalism­e sportif va dans toutes les directions, la vôtre ou pas. Sinon, suivez seulement le site internet du Canadien de Montréal. Vous pourrez vous gargariser avec des sujets mielleux sur l’équipe.

Et Caufield peut très bien répondre sèchement. Ça nous arrive tous. Je n’ai aucun problème avec ça. Si c’était ainsi chaque soir, ce serait différent. Mais un journalist­e a le droit de poser des questions, comme un joueur a le droit de ne pas vouloir y répondre.

RIEN D’IMPITOYABL­E

J’ai même lu dans la foulée de cette question de Dave des internaute­s qui indiquaien­t que « c’était exactement pour ça que des joueurs autonomes ne voulaient pas aller à Montréal ».

Batinsse ! Ça ne doit pas être si pire, les questions en général, si quand il y en a une qui n’était pas si chienne que ça (celle de Dave) choque autant d’amateurs.

J’ai travaillé comme journalist­e à l’Assemblée nationale et j’en ai vécu des mêlées de presse avec les meilleurs de ma profession. C’est loin d’être simple comme tâche. Et il faut comprendre que le journalist­e ne pose pas une question en se disant qu’il est à la télé et qu’il doit bien paraître. Il pose une question pour essayer d’avoir une réponse intéressan­te.

Une question peut avoir l’air toute simple ou « niaiseuse », mais c’était peut-être la meilleure question à poser pour amener l’athlète ou un politicien sur le sujet qu’on vise. Ce n’est pas si évident.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Cole Caufield répondant aux questions des journalist­es dans le vestiaire du Canadien après la partie contre l’Avalanche du Colorado, le 15 janvier.

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