Fou du volant en taule pour 9 ans
L’homme a volontairement foncé en voiture sur un policier à moto qui voulait lui remettre une contravention
Un dangereux chauffard qui avait volontairement happé un policier à moto parce qu’il était tanné d’accumuler des constats d’infraction est finalement passé aux aveux, ce qui lui a valu neuf ans de pénitencier et une longue interdiction de reprendre le volant.
« Le prochain policier qui s’approche de ma fenêtre, il va tomber l’osti de chien sale, chuis [sic] écoeuré, qu’ils crèvent pour que j’aie la paix », avait lancé Christopher Desrosiers à sa mère peu de temps avant de passer à l’acte, selon l’enquête policière.
C’est qu’à 28 ans, Desrosiers était un habitué des contraventions, avec une cinquantaine en quelques années, cumulant plus de 4000 $ d’amendes de toutes sortes pour avoir fait fi du Code de la sécurité routière.
Mais en plus d’être un dangereux chauffard, Desrosiers avait aussi été décrit à son enquête sur cautionnement comme une personne « pas patiente, facile à fâcher, qui a la mèche courte ». Et c’est pour cette raison qu’il avait foncé sur le policier à moto Mickael Cherrier, le 1er mai 2022.
GRIÈVEMENT BLESSÉ
Ce jour-là, le patrouilleur participait à une opération radar sur l’autoroute 40 quand Desrosiers est passé à bord de la Honda Accord de son papa. Il roulait alors à 130 km/h, soit bien au-delà de la vitesse permise. L’agent Cherrier a alors tenté de l’intercepter, mais Desrosiers n’avait aucune intention de se laisser faire.
« Moi je suis en auto, lui, en moto, le calcul est facile à faire », s’était alors dit le chauffard, selon ce qu’il avait dit en interrogatoire.
Desrosiers a alors regardé le policier droit dans les yeux et a foncé sur lui, le happant si fort que le policier a été éjecté. Et comme s’il voulait l’achever, le chauffard a ensuite fait exprès de rouler sur l’agent au sol.
« Après avoir heurté le policier, il fuit les lieux », indique l’exposé conjoint des faits déposé à la cour hier au palais de justice de Montréal.
L’agent Cherrier a été grièvement blessé, mais après 13 jours d’hospitalisation et une longue convalescence, il a pu reprendre du service.
« J’ai toujours rêvé d’être policier. C’était important de ne pas m’arrêter à cet événement-là », a-t-il dit hier en soulignant le soutien de la Sûreté du Québec et le travail des enquêteurs.
VOLTE-FACE
Car il n’a fallu que quelques heures pour que Desrosiers se fasse arrêter.
Accusé entre autres de tentative de meurtre, cela faisait des mois que ses avocats négociaient en vue d’une reconnaissance de culpabilité accompagnée d’une sentence de neuf ans d’incarcération.
En fait, un accord était survenu il y a presque un an jour pour jour, mais le chauffard avait tout fait capoter, disant vouloir un procès devant jury.
« Si ça arrive, vous pourriez écoper d’une peine encore plus élevée, ça irait dans les deux chiffres », avait prévenu une juge.
Desrosiers a finalement fait volte-face hier, en plaidant coupable à une accusation réduite de voies de fait graves.
Et à la suggestion des parties, il a écopé de neuf ans d’incarcération et d’une interdiction de conduire de 10 ans.
NONCHALANT
Cela n’a pas semblé déranger Desrosiers, qui a passé l’audience à prendre un air nonchalant, en préférant se regarder les ongles plutôt que de regarder la juge.
« J’espère que ces années en détention vous feront réfléchir à propos du crime que vous avez commis », a conclu la juge France Charbonneau, sans que le chauffard ne daigne la regarder.