Paul St-Pierre Plamondon troque ses gants blancs pour des gants de boxe
Au Conseil national du Parti Québécois, le chef Paul St-Pierre Plamondon a troqué ses gants blancs pour des gants de boxe. Selon lui, pour les francophones, le Canada serait l’enfer sur terre.
Il a rappelé les déportations, les exécutions, l’assimilation, le colonialisme. Autant d’ailleurs, a-t-il insisté, pour les Autochtones. Si le Québec ne sort pas de ce pays, a-t-il lancé, il sera condamné à la disparition.
Il a même ajouté sa « certitude » qu’il y aura un référendum d’ici la fin de la décennie. Réputé pour son ton posé et son approche « positive » sur l’indépendance, ce discours du 14 avril marque une rupture majeure.
Résultat : on l’a traité de catastrophiste et d’arrogant. On l’a accusé de verser dans une « campagne de peur » comme les fédéralistes depuis belle lurette.
Comme dans L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, le contraste avec le PSPP plus mesuré est en effet saisissant. Ça frôle l’électrochoc politique.
Sur le plan purement tactique, force est néanmoins de constater que ce discours est un coup fumant. D’où l’ampleur des réactions, bonnes ou mauvaises.
Même le gouvernement Trudeau, jusqu’ici indifférent à la montée du PQ, a sauté dans l’arène. Son lieutenant québécois, Pablo Rodriguez, s’est dit carrément outré par ce discours « violent » et « radical ».
PSPP FAIT MOUCHE
La dureté même du discours de PSPP face au fédéral fait aussi paraître encore plus molles les demandes de François Legault à Justin Trudeau.
Bref, pour le meilleur et pour le pire, dans le département du wedge politics (politique de polarisation), le PSPP « nouveau » fait mouche. Idem pour son appel à un référendum s’il prend le pouvoir.
Plusieurs ont beau l’accuser de
risquer une troisième défaite désastreuse, le fait est qu’en termes tactiques, cette promesse fait plutôt ressortir l’impasse dans laquelle se retrouvent le PLQ et la CAQ sur la question nationale.
À savoir l’impossibilité pour le PLQ de réformer le fédéralisme depuis l’échec de Meech et pour la CAQ, l’échec avéré de sa « troisième voie » autonomiste.
AU CENTRE DE L’ESPACE PUBLIC
De manière plus large, PSPP continue de ramener l’option souverainiste au centre de l’espace public dont elle était disparue depuis près de trente ans.
Ce qui, combiné à l’impopularité de la CAQ, redonne sa pertinence au PQ. À la fois comme alternative politique et comme porteur d’un projet auquel les Québécois sont libres d’adhérer ou non. Cela dit, prudence.
Chez les plus jeunes, le PSPP « nouveau » est un pari risqué. Allergiques à la rhétorique des souffrances historiques, ils le sont aussi à la caricature du méchant fédéral se pourléchant les babines à l’idée d’écraser le Québec.
Bref, gare à ne pas dénaturer l’image posée et déjà établie du chef péquiste. Gare surtout à ne pas en faire le haut-parleur d’une frange ultraconservatrice pour qui le Québec s’arrête à sa « majorité historique » canadienne-française.
Tout est question de dosage, mais aussi de clarté, d’authenticité et d’une ouverture sur le monde dont le PQ aura grand besoin pour l’avenir.