Le Journal de Montreal

Paul St-Pierre Plamondon troque ses gants blancs pour des gants de boxe

- Josée Legault josee.legault@quebecorme­dia.com

Au Conseil national du Parti Québécois, le chef Paul St-Pierre Plamondon a troqué ses gants blancs pour des gants de boxe. Selon lui, pour les francophon­es, le Canada serait l’enfer sur terre.

Il a rappelé les déportatio­ns, les exécutions, l’assimilati­on, le colonialis­me. Autant d’ailleurs, a-t-il insisté, pour les Autochtone­s. Si le Québec ne sort pas de ce pays, a-t-il lancé, il sera condamné à la disparitio­n.

Il a même ajouté sa « certitude » qu’il y aura un référendum d’ici la fin de la décennie. Réputé pour son ton posé et son approche « positive » sur l’indépendan­ce, ce discours du 14 avril marque une rupture majeure.

Résultat : on l’a traité de catastroph­iste et d’arrogant. On l’a accusé de verser dans une « campagne de peur » comme les fédéralist­es depuis belle lurette.

Comme dans L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, le contraste avec le PSPP plus mesuré est en effet saisissant. Ça frôle l’électrocho­c politique.

Sur le plan purement tactique, force est néanmoins de constater que ce discours est un coup fumant. D’où l’ampleur des réactions, bonnes ou mauvaises.

Même le gouverneme­nt Trudeau, jusqu’ici indifféren­t à la montée du PQ, a sauté dans l’arène. Son lieutenant québécois, Pablo Rodriguez, s’est dit carrément outré par ce discours « violent » et « radical ».

PSPP FAIT MOUCHE

La dureté même du discours de PSPP face au fédéral fait aussi paraître encore plus molles les demandes de François Legault à Justin Trudeau.

Bref, pour le meilleur et pour le pire, dans le départemen­t du wedge politics (politique de polarisati­on), le PSPP « nouveau » fait mouche. Idem pour son appel à un référendum s’il prend le pouvoir.

Plusieurs ont beau l’accuser de

risquer une troisième défaite désastreus­e, le fait est qu’en termes tactiques, cette promesse fait plutôt ressortir l’impasse dans laquelle se retrouvent le PLQ et la CAQ sur la question nationale.

À savoir l’impossibil­ité pour le PLQ de réformer le fédéralism­e depuis l’échec de Meech et pour la CAQ, l’échec avéré de sa « troisième voie » autonomist­e.

AU CENTRE DE L’ESPACE PUBLIC

De manière plus large, PSPP continue de ramener l’option souveraini­ste au centre de l’espace public dont elle était disparue depuis près de trente ans.

Ce qui, combiné à l’impopulari­té de la CAQ, redonne sa pertinence au PQ. À la fois comme alternativ­e politique et comme porteur d’un projet auquel les Québécois sont libres d’adhérer ou non. Cela dit, prudence.

Chez les plus jeunes, le PSPP « nouveau » est un pari risqué. Allergique­s à la rhétorique des souffrance­s historique­s, ils le sont aussi à la caricature du méchant fédéral se pourléchan­t les babines à l’idée d’écraser le Québec.

Bref, gare à ne pas dénaturer l’image posée et déjà établie du chef péquiste. Gare surtout à ne pas en faire le haut-parleur d’une frange ultraconse­rvatrice pour qui le Québec s’arrête à sa « majorité historique » canadienne-française.

Tout est question de dosage, mais aussi de clarté, d’authentici­té et d’une ouverture sur le monde dont le PQ aura grand besoin pour l’avenir.

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Sur le plan purement tactique, le discours plus « radical » de Paul St-Pierre Plamondon est un coup fumant

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