Le Journal de Montreal

Le poids non négligeabl­e d’être proche aidant

-

L’autre jour dans une entrevue du Journal, les personnes interrogée­s disaient que le fait d’être des proches aidants, ça les valorisait et qu’elles en étaient fières. Ça m’a piqué au vif, car dans mon cas, c’est tout le contraire. Je suis proche aidant par obligation et c’est tout un fardeau.

J’ai d’abord été proche aidant pour mon père pendant plusieurs années suite au décès de ma mère. Troisième d’une famille de cinq, comme j’étais le seul célibatair­e et en semi-retraite à ce moment-là, il semblait normal pour tout le monde que ce soit moi qui hérite du fardeau.

Pour comble de malheur, à 71 ans, je suis devenu le proche aidant pour mon frère qui est divorcé et avec un seul fils qui n’était pas en mesure de prendre soin de lui. Je suis au bout du rouleau. À la retraite depuis plusieurs années, je ne peux même pas en profiter pour une pauvre petite fin de semaine parce que je torche tout le monde.

Le travail de proche aidant, c’est du 24 heures sur 24, sept jours par semaine, sans compter que mon frère est un homme très demandant. J’ai beau avoir l’aide du CLSC, on ne peut me la donner que le jour, et pas tout le temps, car comme ils sont en manque de personnel, mon service est souvent coupé. C’est très dur physiqueme­nt et j’ai le moral à plat. Je vois venir avec hantise le jour où moi aussi j’aurai besoin d’aide.

Malheureux d’être proche aidant

Je signale que vous pouvez vous procurer la deuxième édition du guide de prévention de l’épuisement destiné aux proches aidants, « Prendre soin de moi tout en prenant soin de l’autre », qui contient aussi une liste des ressources disponible­s dans les régions.

Il existe des lignes d’aide ponctuelle dont le 811, ainsi que le 1-855852-7784, accessible­s tous les jours de 8 h à 20 h. Il y aurait lieu de parler au responsabl­e de votre dossier au CLSC pour lui faire part de votre état mental et physique avant de craquer.

Il serait urgent aussi de convoquer une réunion de votre famille pour rendre vos frères, soeurs, neveux et nièces conscients de la tâche qui vous échoit depuis si longtemps et dont ils devraient assumer une partie des responsabi­lités. N’attendez pas de mourir au combat, car alors ce sera trop tard pour le faire.

Newspapers in French

Newspapers from Canada