Le Journal de Montreal

Les souveraini­stes devraient embaucher le CH

- Jean-nicolas.blanchet@quebecorme­dia.com

Si Jeff Gorton et Kent Hughes étaient responsabl­es de la campagne du oui », je pense que le Québec deviendrai­t un pays.

J’ai rarement vu des vendeurs aussi solides. J’ai rarement vu des gens qu’on avait autant envie de suivre. Ils sont trop forts.

La photo du duo, publiée dans les pages d’ouverture des sports du Journal de Québec et du Journal de Montréal, hier matin, est fascinante.

Si vous étiez dans le coma depuis trois ans et qu’on vous disait qu’il s’agit d’une photo prise durant le bilan du Canadien après une autre saison durant laquelle l’équipe a fini dans la cave, vous auriez de la misère à le croire.

On y voit Gorton et Hughes le sourire aux lèvres, pendant qu’ils répondent aux questions des journalist­es.

Je ne connais personne qui suit attentivem­ent le Canadien et qui est déçu du travail de deux dirigeants de l’équipe.

La grande majorité de leurs décisions ont été excellente­s. Et pour celles qui ne l’ont pas été, les explicatio­ns qu’ils ont fournies par la suite ont convaincu grand nombre de fans que finalement, elles étaient bien parfaites.

Ils font ce que tant de dirigeants du Canadien auraient dû faire avant eux : reculer pour avoir un méchant bon swing qui pourra accrocher le club au sommet durant plusieurs années.

ON BOIT LES PAROLES

La plupart de ceux qui chialent ne suivent pas ça ou sont plus vieux et commencent leur phrase par un « dans mon temps », en parlant de Larry Robinson.

Ils n’ont pas tort d’être gênés que les Glorieux soient loin de l’être. Mais pour amener l’équipe au sommet, Hughes et Gorton n’ont pas d’autres choix que de faire ce qu’ils font et de reconstrui­re.

Bref. On boit les paroles du duo. On est envoûté. Et Martin St-Louis est tout aussi remarquabl­e pour partager le message d’espoir.

Les deux matchs de Lane Hutson, aussi, ont été la cerise sur le sundae qui a contribué à ce qu’une majorité de partisans terminent la saison dans la bonne humeur. Comment ne pas être charmé par ce gars-là ? Il danse sur la glace avec la rondelle. À son premier match dans la LNH, il avait l’air aussi nerveux que lorsqu’il doit se brosser les dents.

L’ascension de Slafkovsky, la fin de saison productive de Caufield, l’année merveilleu­se de Suzuki, l’améliorati­on de Newhook, l’aisance de Guhle... C’est encouragea­nt pour l’an prochain.

Ça fait oublier que l’équipe a seulement marqué cinq buts de plus que l’an passé. Que c’était encore l’une des pires en avantage et en désavantag­e numérique. Que le CH a été le troisième club qui a donné le plus de tirs en moyenne dans la ligue. Ou que la plupart des équipes de sa division seront meilleures aussi l’an prochain.

Certes, le dernier mois a été bien meilleur que le dernier mois de la saison précédente. Kent Hughes soutient que l’équipe a mieux progressé que ce que les chiffres exposent. On n’a pas de raison d’en douter.

Et plusieurs fans ne veulent surtout pas entendre des journalist­es ou des chroniqueu­rs oser en douter.

Le Canadien s’améliore et deviendra prétendant à la Coupe Stanley d’ici quelques années. C’est ça que les fans veulent entendre.

Toute opposition à ce dogme sera rabrouée par les amoureux des Glorieux.

LA PROPHÉTIE

La vérité, c’est qu’aucun plan de reconstruc­tion n’est garanti. Le CH peut gagner la Coupe dans trois saisons. Mais l’équipe peut aussi rater les séries durant trois autres années.

Et ce, même si Kent Hughes peut être un génie dans toutes ces décisions. Même si Martin St-Louis est tellement bon qu’il peut transforme­r l’eau en Molson Export.

C’est ça qui me fascine. Tout est de l’espoir, pas une prophétie. Ce ne sont pas des prophètes, mais simplement une direction d’équipe comme il y en a 31 autres qui veulent tout autant gagner la Coupe.

Et ça me fait peur pour l’an prochain. Car il y a un début d’attente, celui d’« être dans le mix des séries ». Je crains que ce soit le point de rupture avec beaucoup de fans qui ont été très loyaux jusqu’ici si jamais le Canadien n’y est pas vraiment, dans «lemix».

UN PAYS

La direction a été extrêmemen­t habile pour naviguer à travers trois années difficiles de reconstruc­tion avec le mot en « P », le mot en « S », la progressio­n, les matchs significat­ifs, les chaises, la hausse du prix des billets, etc.

Tout ça pendant que le Centre Bell était plein et que l’équipe a encore été celle qui a attiré le plus de spectateur­s dans la ligue cette année.

C’est du génie de la part du Canadien. De rallier autant de monde, dans le bonheur, à une cause aussi sensible, c’est épatant. Ça me fait penser que le CH pourrait faire du Québec un pays.

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 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, et son directeur général, Kent Hughes, avaient le sourire facile lors du bilan de saison de leur équipe, mercredi.
PHOTO BEN PELOSSE Le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, et son directeur général, Kent Hughes, avaient le sourire facile lors du bilan de saison de leur équipe, mercredi.

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