L’assimilation guette aussi les Québécois
OTTAWA | L’assimilation fulgurante des francophones du reste du Canada devrait servir d’avertissement aux Québécois, qui ne sont pas à l’abri d’un destin semblable à long terme sans les protections linguistiques qui s’imposent, selon des experts.
« L’assimilation ne se passe pas au même rythme et au même moment, mais en fin de compte, on est dans une dynamique continentale et canadienne qui pousse vers tout à l’anglais », affirme Patrick Taillon, professeur de l’Université Laval spécialiste de la Constitution.
L’an dernier, le fédéral a annoncé un plan de plus de 4 milliards $ pour la promotion du français hors Québec. Or, l’assimilation continue de faire des ravages partout au pays.
« C’est faux de dire qu’Ottawa ne fait rien pour le français au Canada, soutient M. Taillon. C’est quand même impressionnant. Mais la ligne de fond, c’est quand même une diminution du poids politique des francophones en général au Canada et au Québec en particulier. » Les francophones du Québec, et dans une moindre mesure ceux du Nouveau-Brunswick, bénéficient de protections linguistiques beaucoup plus importantes que celles des autres provinces.
UN ENJEU DE CULTURE
Or, le combat pour la protection du français et de sa culture se retrouve aujourd’hui « folklorisé » dans un Canada qui ne reconnaît plus de « culture commune ».
« Mais derrière l’idée qu’il n’y a pas de culture commune au Canada, il y a de facto une culture anglophone qui s’impose. C’est comme s’il y a une hypocrisie derrière ça », selon le professeur Taillon.
Dans le reste du pays, les francophones ont réussi à force de combats à se doter de nombreuses institutions, surtout des écoles.
Malgré tout, le français peine à s’imposer dans la « vie commune ». M. Taillon y perçoit des similitudes avec le contexte linguistique qui prévaut à Montréal, même si cela s’observe « à un degré bien moindre ».
LOIS PLUS STRICTES
Martin Pâquet, professeur au Département des sciences historiques de l’Université Laval, rappelle que Québec dispose de certains leviers pour assurer le maintien du français, mais qu’il n’ose pas toujours les utiliser, comme l’imposition du français au cégep.
« La langue du travail, c’est là-dessus que l’État doit intervenir, croit-il. Ça passe par le système d’éducation. Et le contrôle du système d’éducation, c’est l’État. »