Le Journal de Montreal

L’assimilati­on guette aussi les Québécois

- GUILLAUME ST-PIERRE Bureau parlementa­ire

OTTAWA | L’assimilati­on fulgurante des francophon­es du reste du Canada devrait servir d’avertissem­ent aux Québécois, qui ne sont pas à l’abri d’un destin semblable à long terme sans les protection­s linguistiq­ues qui s’imposent, selon des experts.

« L’assimilati­on ne se passe pas au même rythme et au même moment, mais en fin de compte, on est dans une dynamique continenta­le et canadienne qui pousse vers tout à l’anglais », affirme Patrick Taillon, professeur de l’Université Laval spécialist­e de la Constituti­on.

L’an dernier, le fédéral a annoncé un plan de plus de 4 milliards $ pour la promotion du français hors Québec. Or, l’assimilati­on continue de faire des ravages partout au pays.

« C’est faux de dire qu’Ottawa ne fait rien pour le français au Canada, soutient M. Taillon. C’est quand même impression­nant. Mais la ligne de fond, c’est quand même une diminution du poids politique des francophon­es en général au Canada et au Québec en particulie­r. » Les francophon­es du Québec, et dans une moindre mesure ceux du Nouveau-Brunswick, bénéficien­t de protection­s linguistiq­ues beaucoup plus importante­s que celles des autres provinces.

UN ENJEU DE CULTURE

Or, le combat pour la protection du français et de sa culture se retrouve aujourd’hui « folklorisé » dans un Canada qui ne reconnaît plus de « culture commune ».

« Mais derrière l’idée qu’il n’y a pas de culture commune au Canada, il y a de facto une culture anglophone qui s’impose. C’est comme s’il y a une hypocrisie derrière ça », selon le professeur Taillon.

Dans le reste du pays, les francophon­es ont réussi à force de combats à se doter de nombreuses institutio­ns, surtout des écoles.

Malgré tout, le français peine à s’imposer dans la « vie commune ». M. Taillon y perçoit des similitude­s avec le contexte linguistiq­ue qui prévaut à Montréal, même si cela s’observe « à un degré bien moindre ».

LOIS PLUS STRICTES

Martin Pâquet, professeur au Départemen­t des sciences historique­s de l’Université Laval, rappelle que Québec dispose de certains leviers pour assurer le maintien du français, mais qu’il n’ose pas toujours les utiliser, comme l’imposition du français au cégep.

« La langue du travail, c’est là-dessus que l’État doit intervenir, croit-il. Ça passe par le système d’éducation. Et le contrôle du système d’éducation, c’est l’État. »

 ?? ?? PATRICK TAILLON Professeur
PATRICK TAILLON Professeur

Newspapers in French

Newspapers from Canada