Le roi du Xanax pourra être extradé
Il aurait amassé au moins 82 M$ en vendant de la drogue sur le web obscur, selon les autorités américaines
Un Montréalais accusé d’avoir trafiqué des quantités colossales de Xanax aux États-Unis pourra être extradé afin de faire face à la justice américaine, même si ses avocats avaient plaidé que son autisme le mettait à risque s’il devait être incarcéré là-bas.
« [Les autorités américaines] ont présenté une preuve suffisante pour l’infraction de trafic [de drogue]. Le tribunal ordonne l’incarcération en vue de son extradition vers les États-Unis d’Amérique », a statué le juge Mario Longpré en scellant le sort d’Alexandre Beaudry, hier au palais de justice de Montréal.
Après presque deux ans à se battre pour rester au Canada, le
« Roi du Xanax » a ainsi échoué et devra de toute évidence être jugé pour ses crimes qui lui auraient rapporté des dizaines de millions de dollars, entre 2015 et 2017.
Selon les procureurs de l’État du Connecticut, à l’époque, Beaudry utilisait des alias tels qu’AlpraKing, Quantik, et BenzoChems afin de vendre sur le web obscur du Xanax de contrebande ainsi que des dérivés de fentanyl.
En deux ans à peine, il aurait réussi à amasser une petite fortune en cryptomonnaie, dont la valeur est maintenant estimée à 82 M$.
IL SE VANTAIT EN LIGNE
Dans une publication sur le réseau social Reddit, il se serait même vanté d’être « responsable de l’épidémie de Xanax en Amérique ».
Sauf que s’il avait cru pouvoir éluder la justice, c’est parce qu’il avait sous-estimé les autorités américaines qui, à coup d’indices par-ci par-là, ont resserré leur étau. La Drug Enforcement Administration (DEA) soupçonnait Beaudry, mais il leur manquait un dernier élément de preuve. Ils l’ont finalement obtenu quand il s’est fait agresser à sa luxueuse résidence de L’Île-des-Soeurs, en 2022, potentiellement par des voleurs qui cherchaient à lui soutirer les mots de passe de ses portefeuilles garnis en bitcoins.
La police de Montréal l’avait secouru, sauf qu’il portait à ce moment un pendentif arborant un logo similaire à celui qu’il aurait utilisé pour faire la promotion de sa drogue sur le web obscur.
Arrêté, Beaudry avait tenté de faire rejeter la demande d’extradition sous divers motifs, dont le fait qu’il est autiste.
Ses avocats Mes Kaven Morasse et Alexandre Bergevin avaient d’ailleurs présenté une preuve scientifique fouillée démontrant les risques auxquels s’exposent les personnes autistes incarcérées.
IL LUI RESTE DES RECOURS
« Compte tenu de sa condition neurologique, cela entraînerait assurément de graves préjudices et en plus de mettre sa vie en danger », a commenté Me Morasse à la suite du jugement. Le juge ne s’est pas montré insensible aux arguments de la défense. Sauf que cela n’a pas été suffisant, puisque le Canada pourrait très bien demander certaines garanties à nos voisins du Sud.
Car même si la Cour supérieure a donné son aval à l’extradition, tout n’est pas encore ficelé. Non seulement Beaudry pourrait porter la cause en appel, mais aussi, c’est le ministre de la Justice qui a le mot final dans un dossier d’extradition.