Le Journal de Montreal

La coalition de la CAQ se fissure

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Quand le responsabl­e de la cohésion et de la discipline quitte la barque caquiste pour le rutilant paquebot des conservate­urs fédéraux, cela témoigne d’une remise en question élargie au sein du gouverneme­nt Legault.

L’annonce du départ du whip Eric Lefebvre, qui siégera dorénavant comme indépendan­t au parlement de Québec tout en préparant une campagne au fédéral, a provoqué une réaction en chaîne des plus bigarrée chez les caquistes.

Comme si tout le monde cherchait à jouer ses cartes en fonction de ses intérêts personnels.

Ainsi, Martine Biron, de la circonscri­ption plus à droite de Chutes-dela-Chaudière, n’a pas hésité à se faire le porte-voix de ceux que la tenue de coûteuses élections partielles répugnent.

*« Ses citoyens comptaient sur lui », a-t-elle dit sur le ton du reproche.

Un des joueurs du premier trio, le grand argentier Eric Girard, a envoyé un message ambigu au reste de l’équipe, en admettant qu’il aimerait être ministre des Finances du Canada.

Certains de ses collègues estiment qu’il a commis une autre bourde.

Le jeune Samuel Poulin, que plusieurs voient comme un carriérist­e politique, a causé une certaine surprise en refusant de dire qu’il solliciter­ait un nouveau mandat en 2026.

Son voisin de la Beauce, Luc Provençal, a seulement souri lorsque les scribes lui ont demandé s’il écartait la possibilit­é de faire le saut avec les conservate­urs du Québec.

On ne peut pas dire que l’on sente un grand esprit de corps.

À se demander si certains veulent montrer au bureau du PM qu’il pourrait être bon de leur confier des responsabi­lités dans le très attendu remaniemen­t ministérie­l, sans quoi ils seront tentés de partir vers d’autres cieux.

LA FÉBRILITÉ DU REMANIEMEN­T

« Le monde se demande quand sera le remaniemen­t, si leur tour peut venir, c’est sur toutes les lèvres chez les députés », indique un élu qui, comme d’autres, témoigne d’une fébrilité accrue depuis quelques semaines.

Plusieurs analysent leurs propres chances d’être appelés.

Des députés, sentant la vulnérabil­ité de ministres sur la sellette, ne se gênent pas pour relayer des critiques à leur endroit en plein caucus.

La baisse dans les sondages est vectrice d’anxiété, tout comme le manque d’informatio­ns transmises aux élus sur certaines prises de position et des décisions jugées prématurée­s du chef Legault.

« Le climat est bon, au caucus... mais, avant, il était TRÈS bon », résume un membre du gouverneme­nt.

QUI RESTE ?

François Legault devra sonder les joueurs de son équipe dans les prochaines semaines, pour tenter de savoir qui est susceptibl­e de quitter le navire au terme du mandat en 2026.

Les informatio­ns recueillie­s alimentero­nt sa réflexion sur ses choix à venir.

Des sources gouverneme­ntales rappellent son goût de la stabilité.

Ainsi, il n’est pas impossible que le premier ministre se contente de faire entrer seulement deux ou trois nouvelles personnes au saint des saints, dans le cadre du rebrassage de cartes.

Malgré la décote dans les intentions de vote, des députés sondés estiment que la vaste majorité des ministres sont compétents dans leurs fonctions, et qu’il sera difficile de les supplanter.

On ne sait jamais, peut-être que d’autres chaises vont se libérer.

Dans le cas d’Eric Lefebvre, peu connu du grand public, il gérait quand même un cabinet d’une vingtaine d’employés, comme whip en chef du gouverneme­nt, et sa place au conseil des ministres était considérée comme enviable.

Et malgré la descente de la CAQ dans les intentions de vote, il faisait partie des 11 députés dont le site de projection­s Québec125 prédisait la réélection en 2026.

Ça ne l’a pas empêché de prendre la poudre d’escampette.

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Le départ du responsabl­e de la discipline témoigne d’une remise en question élargie au sein du gouverneme­nt Legault.

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