Le Journal de Montreal

L’anglicisat­ion guette le Nouveau-Brunswick

- GUILLAUME ST-PIERRE

MONCTON | L’inquiétude pour la survie du français n’épargne pas Dieppe, pourtant la plus grande ville francophon­e à l’extérieur du Québec, située dans la seule province officielle­ment bilingue du pays, le Nouveau-Brunswick.

Et pour cause. La proportion de francophon­es y a baissé de 6 % entre les recensemen­ts de 2016 et de 2021.

Selon la formule de son maire, Yvon Lapierre, le maintien du fait français ne sera « jamais acquis », car il sera « toujours fragile ».

Selon le maire Lapierre, Dieppe est en quelque sorte victime de son succès. Son économie va bien et sa population est en hausse… sauf chez les francophon­es.

L’immigratio­n interprovi­nciale et étrangère est la principale cause de ce recul.

Plusieurs Ontariens bien nantis ont « vendu leur maison à un million à Toronto pour s’acheter une maison ici pour prendre leur retraite », donne-t-il en exemple.

Pendant ce temps, l’immigratio­n internatio­nale se fait surtout en anglais, peste le maire, qui tente de convaincre la province d’accueillir plus d’étrangers francophon­es.

Environ 20 % des immigrants qui arrivent au Nouveau-Brunswick ont le français comme première langue officielle parlée, alors que les Acadiens représente­nt au moins 30 % de la population.

Résultat : le nombre de francophon­es à Dieppe stagne, pendant que celui des anglophone­s gagne du terrain.

Ce recul inquiète particuliè­rement à cause de la place stratégiqu­e qu’occupent la grande région de Dieppe et sa voisine, Moncton, dans la vie des Acadiens de l’Atlantique.

EFFERVESCE­NCE CULTURELLE

Cette région représente la seule grande Ville où les francophon­es peuvent se sentir réellement chez eux, à l’extérieur du Québec.

Or, ce statut risque de s’effriter, malgré un bouillonne­ment culturel francophon­e enviable.

« Moncton est vraiment devenu le hub culturel de l’Acadie. C’est devenu cool », souligne Maxime Bourgeois, le maire de Memramcook, un village à forte majorité francophon­e collé sur Dieppe.

Mais comme de nombreux Acadiens du coin, le jeune avocat remarque une anglicisat­ion de la région et il craint un glissement.

« L’épanouisse­ment de Dieppe a fait en sorte que c’est plus facile de vivre en français qu’il y a 40 ans, mais simultaném­ent il y a une anglicisat­ion de la communauté », note-t-il.

« Tu vas au Esso du coin ou au Tim Horton, et tu ne peux pas avoir de service en français à Dieppe », précise-t-il.

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PHOTO GUILLAUME ST-PIERRE Le maire du village de Memramcook près de Moncton, Maxime Bourgeois.

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