Loin d’avoir une ville bilingue en Ontario
OTTAWA | Les villes de Sudbury et Timmins, fiefs historiques de la francophonie ontarienne, ont récemment élu deux maires francophones, les premiers depuis des décennies. Malgré ce symbole fort, le vieux rêve d’en faire des villes officiellement bilingues demeure un mirage.
« C’est très difficile, concède le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre, rencontré à l’hôtel de ville. On n’est pas là. Je ne nous vois pas là. »
En Ontario, aucune ville ni aucun village n’est officiellement bilingue, bien qu’une trentaine d’entre eux aient adopté des politiques sur les services en français au fil des années et après un travail militant acharné des francophones.
Au Québec, il existe 89 municipalités bilingues, dont 48 ont une population anglophone sous la barre des 50 %. Face au risque de perdre leur statut bilingue en raison de la loi 96, ces dernières ont toutes décidé de demeurer bilingues l’année dernière.
DÉCLIN DÉMOGRAPHIQUE
Dans la « capitale culturelle franco de l’Ontario », où a été créé et hissé pour la première fois le drapeau francoontarien en 1975, le français perd encore et toujours du terrain.
« C’est une de mes plus grandes inquiétudes, je dois être honnête », déclare M. Lefebvre.
Entre 2016 et 2021, le nombre de résidents du Grand Sudbury ayant le français comme première langue officielle parlée a diminué de 41 800 à 36 980 (-12 %).
Pendant que la population totale augmentait de 2 %, le poids des Sudburois ayant le français comme langue maternelle a glissé de 26 % à23%.
Auparavant militante pour faire de Timmins une ville bilingue, la jeune mairesse Michelle Boileau s’est aperçue, une fois élue à la mairie, que la pente à surmonter était à pic.
« C’est polarisant au sein de la communauté, absolument, lance-t-elle.
Il y a de la résistance de certaines générations, des communautés plus fondatrices de la ville. Il y a des francophones qui ne veulent pas non plus », explique-t-elle.
Mme Boileau évoque cette « lassitude » des anglophones qui haussent les yeux lorsque les francophones se battent pour des services dans leur langue.