Le Journal de Montreal

EN 5 QUESTIONS Les élus américains renversent les radicaux de droite

- Loic. tasse @quebecorme­dia .com

Le Congrès américain va décider aujourd’hui d’accorder ou non une aide militaire substantie­lle pour trois conflits qui peuvent dégénérer en guerre mondiale.

Il s’agit de la guerre en Ukraine, de la guerre à Gaza et de la possible guerre contre Taïwan. Personne ne veut que ces guerres débordent, mais la plupart des pays concernés s’arment de plus en plus pour dissuader les pays belliqueux de se lancer dans des conquêtes inconsidér­ées. Ces trois pays sont principale­ment la Chine, l’Iran et la Russie. Trois pays qui sont alliés et qui cherchent à renverser l’ordre mondial d’après la Seconde Guerre mondiale. Bien sûr, leurs opposants ne sont pas sans reproche. Mais ce ne sont pas non plus des dictatures. Les milliards de dollars devraient être votés sans trop de problèmes. Pourtant, deux représenta­nts républicai­ns prorusses et libertarie­ns tentent de faire capoter le projet de loi.

1 Qui veut faire tomber l’aide financière et pourquoi ?

La Chambre des représenta­nts doit voter sur trois projets d’aide militaire : un de 8 milliards de dollars américains, destiné à la politique « indo-pacifique », un de 26 milliards pour Israël, dont 9 pour l’aide humanitair­e à Gaza, et un de 61 milliards destiné à l’Ukraine. C’est le troisième projet de loi qui pose un problème. Marjorie Taylor Greene, représenta­nte républicai­ne de Géorgie, et Thomas Massie, représenta­nt républicai­n du Kentucky, qui ont tous deux adopté par le passé des positions prorusses, n’en veulent pas. Ils prétendent que tant que la frontière américaine avec le Mexique ne sera pas sécurisée, le gouverneme­nt américain ne devrait pas donner d’argent à des pays étrangers pour les aider. Ils sont à la tête d’un petit groupe d’élus républicai­ns qui pensent comme eux.

2 En quoi les manoeuvres des opposants à l’aide à l’Ukraine sont-elles extraordin­aires ?

Les élus républicai­ns ne disposent que d’une seule voix de majorité à la Chambre des représenta­nts. Greene et Massie savent qu’une majorité d’élus des deux partis va probableme­nt voter en faveur des projets de loi. Ils ont donc décidé de faire chanter le président républicai­n de la chambre, Mike Johnson, en le menaçant de le faire tomber s’il soumettait au vote le projet de loi sur le financemen­t à l’Ukraine. Peine perdue. Johnson a soumis au vote le projet sur l’Ukraine. Les démocrates ont décidé de soutenir Johnson. Si bien que de manière tout aussi extraordin­aire, 165 d’entre eux ont voté en faveur du dépôt des projets de loi, alors que seulement 151 républicai­ns ont voté en faveur du dépôt.

3 Est-ce que ce genre de vote est de bon augure ?

Il est rassurant de voir qu’une vaste majorité d’élus tant démocrates que républicai­ns ont décidé de dépasser les querelles partisanes inutiles pour travailler ensemble. En ce sens, Donald Trump, qui a beaucoup baissé dans les sondages depuis la mi-février, effraie peutêtre un peu moins la majorité des élus républicai­ns. Ceci est de bon augure pour les alliés américains.

4 L’argent américain sera-t-il suffisant ?

Les alliés américains auront toujours besoin d’argent pour défendre les États-Unis et leurs autres alliés contre la Chine, l’Iran ou la Russie. En tout cas, tant que ces dictatures n’auront pas été remplacées par des démocratie­s.

5 L’isolationn­isme américain est-il en train de renaître ?

C’est plutôt le contraire qui semble se produire, surtout devant la montée de la puissance de la Chine, de l’Iran et de la Russie. Ce retour au réalisme politique est le bienvenu.

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