Le Journal de Montreal

Le ni-ni des jeunes Québécois : ni indépendan­tistes ni fédéralist­es

L’indépendan­ce ? Une question de temps, disait Bernard Landry.

- Chroniqueu­r et journalist­e philippe.leger @quebecorme­dia.com

Au début des années 2000, l’ancien premier ministre faisait valoir que l’indépendan­ce était quasiment inéluctabl­e.

Sa théorie allait comme suit : les jeunes étant par nature indépendan­tistes et les plus âgés étant plus fédéralist­es, nous n’aurions qu’à laisser la démographi­e faire son oeuvre.

Le contingent d’indépendan­tistes ne ferait qu’augmenter avec les années pour atteindre, inévitable­ment, le

50 % + 1.

On se transporte aujourd’hui, force est de constater que Landry avait tort.

En fait, à écouter Paul St-Pierre Plamondon, nous sommes dans la dynamique contraire. Le prochain référendum serait celui de la « chance ultime ». La fenêtre se refermerai­t. Et les jeunes sont dorénavant le groupe d’âge où l’indépendan­ce est la moins populaire.

LE NI-NI DES JEUNES

On entend beaucoup dire que les jeunes Québécois ne sont pas indépendan­tistes. Leurs préoccupat­ions seraient ailleurs.

Le projet indépendan­tiste ne serait qu’une affaire d’une ou deux génération­s, tout au plus.

La preuve brandie ? La question référendai­re classique qu’on peut retrouver dans les sondages. À cette question, en règle générale, les jeunes Québécois sont souvent les moins enclins à être dans le camp du OUI.

Or, cette question ne capte pas véritablem­ent leur état d’esprit.

Leur opinion sur l’indépendan­ce n’est pas cristallis­ée. C’est mou. C’est vaseux.

La majorité d’entre eux n’y ont jamais été réellement confrontés. L’indépendan­ce demeure une chose abstraite.

Faisons un calcul rapide : aucun Québécois né après 1977 n’a voté au référendum de 1995. Si vous avez moins de 46 ans, vous n’avez jamais participé à un référendum.

Et si vous êtes né dans les années 1990, l’indépendan­ce a probableme­nt toujours constitué quelque chose de périphériq­ue dans votre vie.

Les rares occasions où elle est apparue, c’est essentiell­ement par la négativité : comme le projet qui portait les odeurs de la défaite et du deuil ; comme le projet de ses parents ; comme le projet d’un parti en déclin et à la mort imminente ; comme le projet dont la mécanique a davantage été discutée que l’idée en soi.

Leur état d’esprit, donc ? Ils ne sont ni réellement indépendan­tistes ni réellement fédéralist­es. Ils vivent davantage dans l’univers du ni-ni. Ni indépendan­tistes ni fédéralist­es. Ils se trouvent dans la broussaill­e politique. Rien n’est défraîchi pour eux.

PSPP

L’indépendan­ce peut certaineme­nt advenir sans un appui massif des jeunes Québécois. C’est une question démocratiq­ue, avant toute chose.

Reste qu’il y a quelque chose de contre-intuitif à vendre un projet pour l’avenir, sans que ceux qui incarnent l’avenir y adhèrent.

La grande réussite de PSPP et du PQ ces temps-ci, c’est de tranquille­ment remettre l’indépendan­ce sur la table de nos discussion­s. Et si les décibels continuent d’augmenter, une nouvelle génération devra inévitable­ment se faire une tête et trancher.

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