Le ni-ni des jeunes Québécois : ni indépendantistes ni fédéralistes
L’indépendance ? Une question de temps, disait Bernard Landry.
Au début des années 2000, l’ancien premier ministre faisait valoir que l’indépendance était quasiment inéluctable.
Sa théorie allait comme suit : les jeunes étant par nature indépendantistes et les plus âgés étant plus fédéralistes, nous n’aurions qu’à laisser la démographie faire son oeuvre.
Le contingent d’indépendantistes ne ferait qu’augmenter avec les années pour atteindre, inévitablement, le
50 % + 1.
On se transporte aujourd’hui, force est de constater que Landry avait tort.
En fait, à écouter Paul St-Pierre Plamondon, nous sommes dans la dynamique contraire. Le prochain référendum serait celui de la « chance ultime ». La fenêtre se refermerait. Et les jeunes sont dorénavant le groupe d’âge où l’indépendance est la moins populaire.
LE NI-NI DES JEUNES
On entend beaucoup dire que les jeunes Québécois ne sont pas indépendantistes. Leurs préoccupations seraient ailleurs.
Le projet indépendantiste ne serait qu’une affaire d’une ou deux générations, tout au plus.
La preuve brandie ? La question référendaire classique qu’on peut retrouver dans les sondages. À cette question, en règle générale, les jeunes Québécois sont souvent les moins enclins à être dans le camp du OUI.
Or, cette question ne capte pas véritablement leur état d’esprit.
Leur opinion sur l’indépendance n’est pas cristallisée. C’est mou. C’est vaseux.
La majorité d’entre eux n’y ont jamais été réellement confrontés. L’indépendance demeure une chose abstraite.
Faisons un calcul rapide : aucun Québécois né après 1977 n’a voté au référendum de 1995. Si vous avez moins de 46 ans, vous n’avez jamais participé à un référendum.
Et si vous êtes né dans les années 1990, l’indépendance a probablement toujours constitué quelque chose de périphérique dans votre vie.
Les rares occasions où elle est apparue, c’est essentiellement par la négativité : comme le projet qui portait les odeurs de la défaite et du deuil ; comme le projet de ses parents ; comme le projet d’un parti en déclin et à la mort imminente ; comme le projet dont la mécanique a davantage été discutée que l’idée en soi.
Leur état d’esprit, donc ? Ils ne sont ni réellement indépendantistes ni réellement fédéralistes. Ils vivent davantage dans l’univers du ni-ni. Ni indépendantistes ni fédéralistes. Ils se trouvent dans la broussaille politique. Rien n’est défraîchi pour eux.
PSPP
L’indépendance peut certainement advenir sans un appui massif des jeunes Québécois. C’est une question démocratique, avant toute chose.
Reste qu’il y a quelque chose de contre-intuitif à vendre un projet pour l’avenir, sans que ceux qui incarnent l’avenir y adhèrent.
La grande réussite de PSPP et du PQ ces temps-ci, c’est de tranquillement remettre l’indépendance sur la table de nos discussions. Et si les décibels continuent d’augmenter, une nouvelle génération devra inévitablement se faire une tête et trancher.