Le Journal de Montreal

Des représaill­es contre des aînés qui s’étaient plaints

- AUDREY SANIKOPOUL­OS

Des gestionnai­res de résidences privées pour aînés (RPA) n’hésiteraie­nt pas à exercer des représaill­es à l’encontre de personnes âgées qui se seraient plaintes de cas de maltraitan­ce, a découvert une chercheuse qui s’est penchée sur le sujet.

« [La maltraitan­ce], ça se manifeste tous les jours de plein de façons », a expliqué Mélanie Couture, titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitan­ce envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke.

Mauvais médicament­s fournis, soins un peu rudes, montant facturé pour un traitement qui n’a finalement pas eu lieu, la maltraitan­ce se ressent au travers de petits gestes, a-t-elle remarqué.

La chercheuse a rencontré 13 femmes et quatre hommes âgés de 80 ans en moyenne qui lui ont raconté des histoires de maltraitan­ce qui leur sont arrivées dans des RPA situées dans l’agglomérat­ion de Longueuil entre 2020 et 2022.

RÉSIDENTE BLESSÉE PAR UN TAPIS

Elle raconte notamment un cas pour une plainte portée pour un tapis placé de travers qui était dangereux pour des personnes qui ont des problèmes de mobilité.

Malgré les nombreux avertissem­ents, rien n’a changé, jusqu’à ce qu’une résidente se blesse après être tombée en raison de ce tapis.

« Non seulement ils ne font rien, mais dans certains cas il y a des représaill­es envers les résidents qui ont fait des plaintes », a constaté la chercheuse.

Des gestionnai­res auraient ainsi expulsé des aînés de leurs bureaux après des plaintes, auraient interdit aux employés de parler à des résidents ou empêcherai­ent les personnes âgées d’échanger entre elles sur ces problèmes pour ne pas créer un effet de groupe.

Dans l’un des cas les plus extrêmes, le paiement du loyer d’un homme qui avait intenté un recours collectif avait été refusé afin de pouvoir l’expulser pour non-paiement.

UNE LOI, MAIS PEU DE PREUVES

Le problème n’est pas inconnu à Québec, qui a bonifié en avril 2022 la loi 6.3 sur la maltraitan­ce envers les aînés afin d’imposer des sanctions en cas de situations de ce type, mais aussi pour les représaill­es.

« Il faut qu’on voie des preuves que c’est appliqué et faire un peu peur au monde qui n’agit pas correcteme­nt », a souligné Mme Couture.

Des outils de sensibilis­ation doivent également être développés pour aider les Québécois qui se retrouvent en RPA.

« Pour les résidences qui vont bien, celles qui vont mal leur donnent mauvaise presse et les gens ont peur d’aller en résidence », a-t-elle alerté.

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UdeS MÉLANIE COUTURE Professeur­e

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