Le Journal de Montreal

Il manque de psys pour les jeunes

Il n’y aurait que 2,8 psychologu­es pour répondre aux 40 Aires ouvertes pour les jeunes de 12 à 25 ans

- PATRICK BELLEROSE Bureau parlementa­ire

Les 40 sites de services en santé mentale sans rendez-vous créés pour rejoindre les jeunes peuvent seulement compter sur l’équivalent de 2,8 psychologu­es. De nombreuses régions n’offrent carrément pas ce service sur place.

« Vous pouvez imaginer à quel point on a été étonné de voir ce chiffre pour l’ensemble du réseau », lance en entrevue la députée libérale Elisabeth Prass, qui a questionné le ministre Lionel Carmant à ce sujet lors de l’étude des crédits au Salon bleu, la semaine dernière.

Les Aires ouvertes sont des lieux disponible­s pour les jeunes de 12 à 25 ans, sans rendez-vous, afin de rencontrer un profession­nel de la santé mentale. Il peut s’agir d’un travailleu­r social, d’une sexologue ou d’une infirmière, par exemple. Les premières installati­ons ont vu le jour à compter de 2018, sous forme de projets-pilotes.

Québec n’a jamais promis que ces endroits donneraien­t automatiqu­ement accès à un psychologu­e, mais Elisabeth Prass s’attendait à ce que le réseau en compte au moins un par établissem­ent.

« Chaque fois qu’on lui pose des questions sur la santé mentale des jeunes, sa réponse [au ministre Carmant] est toujours les Aires ouvertes », souligne la porte-parole libérale en matière de services sociaux.

Sa crainte, dit-elle, est que les jeunes qui se présentent en détresse psychologi­que soient envoyés sur la liste d’attente pour voir un psychologu­e, où près de 16 000 personnes patientent déjà.

AUTRES PROFESSION­NELS

En réponse aux questions de la députée libérale, le ministre Carmant a fait valoir que, au besoin, l’Aire ouverte est « une entrée pour accélérer l’accès à des services plus spécialisé­s ».

Toutefois, le ministre responsabl­e des Services sociaux affirme qu’il faut élargir les champs de compétence­s des divers profession­nels, afin de ne plus compter uniquement sur un psychologu­e pour traiter chaque cas.

« Ce que j’essaie de transmettr­e depuis que je m’occupe du dossier, c’est vraiment de s’assurer que tous les profession­nels puissent participer aux services en santé mentale. Il faut un peu sortir de ce mode de pensée qui dit : santé mentale égale psychologu­e ou psychiatre », dit-il.

« Et s’il y a vraiment besoin d’un psychologu­e ou de psychothér­apie, là on peut accélérer l’accès à ce jeune à la psychothér­apie », assure le ministre.

PEU CONNUES

Par ailleurs, Elisabeth Prass fait remarquer que les Aires ouvertes demeurent méconnues, un écueil important pour accomplir leur mission.

Au cabinet du ministre Carmant, on reconnaît que du travail reste à accomplir pour faire connaître le concept. Toutefois, des messages publicitai­res ont été diffusés dans des CLSC, en plus d’une collaborat­ion avec l’influenceu­se Livia Martin afin de faire connaître le service auprès des jeunes.

Les Aires ouvertes ont aidé 6607 jeunes l’an dernier.

 ?? ?? LIONEL CARMANT Ministre
LIONEL CARMANT Ministre

Newspapers in French

Newspapers from Canada