Le Journal de Montreal

Un directeur de prison tué en plein référendum sur la sécurité

Depuis la mi-janvier, le pays fait face à une grave crise provoquée par les gangs

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AFP | L’Équateur s’est prononcé hier sur des mesures proposées par le gouverneme­nt pour lutter contre la criminalit­é, un vote assombri par l’assassinat d’un directeur de prison dans l’ouest du pays.

Quelque 13,6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour répondre par oui ou par non à onze questions posées par le président Daniel Noboa. Selon l’autorité électorale (CNE), 72 % des électeurs équatorien­s se sont rendus aux urnes.

Le vote en lui-même s’est déroulé sans incident notable sur tout le territoire. Mais la journée a été marquée par l’assassinat du directeur du pénitencie­r no 4 de Manabi, « victime d’un attentat », selon l’administra­tion pénitentia­ire. L’homme a été exécuté par balles par des inconnus alors qu’il était attablé à un restaurant.

L’Équateur, gangréné par le narcotrafi­c et la corruption, devenu la principale plateforme de l’exportatio­n de cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins, fait face depuis mi-janvier à une grave crise sécuritair­e provoquée par les gangs.

L’un des épicentres de cette crise est le système carcéral, que le pouvoir tente de prendre en main, théâtre de massacres et de luttes de pouvoir des groupes criminels.

Le président Noboa, élu en novembre pour 18 mois, a déclaré le pays en « conflit armé interne » et a déployé l’armée pour neutralise­r une vingtaine de ces groupes.Depuis, près d’une quinzaine d’hommes politiques, de maires, de responsabl­es locaux ou encore de procureurs ont été assassinés.

OUI À L’EXTRADITIO­N

Parmi les principale­s propositio­ns de cette consultati­on qui définira notamment « la direction et la politique d’État […] contre la violence, le crime organisé, la lutte contre la corruption », selon le chef de l’État, figurait l’extraditio­n des ressortiss­ants équatorien­s liés au crime organisé, notamment vers les États-Unis, une mesure particuliè­rement crainte par les narcos.

La propositio­n a été approuvée par 72 % des votants, selon des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote.

Les Équatorien­s se prononçaie­nt sur la participat­ion de l’armée au contrôle des armes, sur l’alourdisse­ment des peines pour les délits liés au crime organisé et sur la possibilit­é pour les forces de sécurité d’utiliser des armes saisies.

Sur toutes ces questions sécuritair­es, les électeurs semblent avoir appuyé les demandes du président Noboa, toujours selon les sondages publiés par les médias en fin de journée, affichant 9 oui aux 11 demandes de Noboa.

DEUX PROPOSITIO­NS REJETÉES

Les Équatorien­s ont en revanche rejeté deux propositio­ns, d’après la même source, l’une sur la formalisat­ion d’un travail payé à l’heure, mesure qui était vivement critiquée par les syndicats et les organisati­ons indigènes ; l’autre, sur la reconnaiss­ance de l’arbitrage internatio­nal pour résoudre les litiges en matière d’investisse­ment et de commerce.

L’Équateur avait mis fin aux traités bilatéraux et s’était retiré d’organismes d’arbitrage sous le gouverneme­nt de l’ancien président Rafael Correa (20072017), aujourd’hui opposant en exil après sa condamnati­on pour corruption.

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1. Des soldats montent la garde devant le Conseil national électoral, à Quito.
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2. Des personnes font la queue pour voter à Olon, dans la province de Santa Elena.
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PHOTOS AFP 3. Un policier fouille une femme à l’entrée d’un bureau de vote d’Olon.

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