Le Journal de Montreal

Des employés d’Amazon devant le tribunal pour se syndiquer

Ils pourraient être les premiers syndiqués du Canada Le Journal.

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Des employés d’un entrepôt d’Amazon à Laval, qui compte environ 200 travailleu­rs, ont déposé vendredi une requête au Tribunal administra­tif du travail (TAT) dans le but de se syndiquer, a appris

« C’est grâce à nous qu’Amazon est une des compagnies les plus riches au monde. On mérite des conditions de travail à la hauteur de notre contributi­on », juge un employé qui désire garder l’anonymat.

Selon lui, c’est le salaire, l’absence de sécurité d’emploi et les enjeux de santé et de sécurité au travail qui ont motivé les travailleu­rs à se regrouper.

« À cause du rythme de travail, il y a un fossé entre la théorie de sécurité d’Amazon et la réalité, qui fait que les gens se blessent assez souvent », illustre-t-il.

Les employés, qui sont majoritair­ement de nouveaux arrivants, ne rapportent que rarement leurs blessures parce qu’ils craignent de perdre leur poste.

« On ne sait pas c’est quoi les critères pour la permanence. Les gens ont donc l’impression qu’ils doivent se défoncer au travail pour avoir accès à une permanence et donc aux assurances », explique celui qui a participé à la création du syndicat.

Les travailleu­rs de l’entrepôt DXT4 de Laval sont ceux qui se sont rendus le plus loin dans le processus de création d’un syndicat chez Amazon, au Québec.

Si le TAT entérinait leur demande d’accréditat­ion, ils deviendrai­ent les premiers syndiqués du géant américain au Canada.

TRÈS PEU DE RÉUSSITES

Amazon emploie plus d’un million de travailleu­rs en Amérique du Nord, mais seuls ceux de l’entrepôt de Staten Island, dans l’État de New York, sont syndiqués.

Plusieurs autres regroupeme­nts de travailleu­rs ont échoué dans leurs démarches, dont à Edmonton, en Alberta.

« On le sait qu’avec Amazon, il n’y en aura pas de facile. On est prêts à mener la bataille », lance la présidente de la Confédérat­ion des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville.

La centrale syndicale devra prouver au Tribunal que plus de 50 % des associés de l’entrepôt, ce qui exclut les livreurs, désirent se syndiquer.

« Ce qu’on pense qui va arriver malheureus­ement, c’est qu’Amazon va contester la liste de salariés, le nombre de salariés. On sait qu’ils vont faire de l’ingérence, qu’il va y avoir des tentatives d’intimidati­on », croit Mme Senneville.

En 2022, la CSN a mené une syndicalis­ation dans un autre entrepôt d’Amazon situé à Lachine, mais celle-ci n’a pas encore débouché.

La centrale syndicale s’était d’ailleurs adressée au TAT pour dénoncer l’ingérence de l’entreprise dans la campagne.

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PHOTO MARTIN ALARIE Devanture de l’entrepôt d’Amazon DXT4 au 5555, rue Ernest-Cormier, dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, à Laval.

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