400 000 $ par an pour des locaux vides
Investissement Québec pourrait devoir payer 6 M$ en 15 ans sans jamais utiliser le bâtiment
Depuis quatre ans, Investissement Québec (IQ) paie 400 000 $ par année pour des locaux complètement vides dans le Vieux-Montréal. Et la société d’État pourrait devoir payer cette facture jusqu’en... 2034.
Si on inclut les frais d’entretien des lieux, c’est plus de 1,7 million $ qu’IQ a payé pour ces 8300 pieds carrés depuis 2019, indique l’organisation dans sa réponse à une demande d’accès à l’information du
Journal.
Si IQ est incapable de se débarrasser de ce bail avant 2034, la perte sèche risque de dépasser les 6 millions $.
En 2019, au moment de la création d’Investissement Québec International (IQI) et de la nomination d’Hubert Bolduc à la tête de cette division, la société d’État a conclu une entente avec l’organisme Montréal International (MI) pour sous-louer une partie du 8e étage du 380, Saint-Antoine, où est installé MI.
« L’objectif était d’offrir un espace où seraient accueillis, conjointement avec Montréal International, des investisseurs potentiels, tout en maximisant la synergie et la collaboration entre les équipes de MI et d’IQI », explique une porte-parole d’IQ, Isabelle Fontaine.
« À cause de la pandémie de COVID-19, le projet de regroupement des espaces d’IQI et de MI n’a jamais eu lieu », ajoute-t-elle.
Le bail de Montréal International au 380, Saint-Antoine prend fin en 2034, tout comme l’entente signée avec IQ.
DIFFICILE À LOUER
« Investissement Québec continue d’honorer ses engagements pris en 2019, poursuit Mme Fontaine. Avec la collaboration de Montréal International et du locateur, Allied Properties, nous travaillons très activement à identifier un nouveau locataire pour ces espaces, [ce qui nous permettrait de] nous libérer de cet engagement. »
Or, il ne sera pas facile de trouver preneur pour ces locaux, puisque le marché des bureaux demeure très déprimé. Au centre-ville de Montréal, le taux d’inoccupation frise actuellement les 18 %, contre environ 6 % en 2019.
« Il y a des tonnes de beaux bureaux à louer ou à sous-louer à Montréal », résume un courtier qui a requis l’anonymat.
Le Centre de commerce mondial (CMM), dont fait partie le 380, Saint-Antoine, est un complexe prestigieux, mais il n’est pas au goût de tous.
« C’est un amalgame de vieux immeubles avec beaucoup de colonnes », souligne le courtier.
C’est sans compter que sur le demi-million de pieds carrés du complexe, environ 90 000 pieds carrés sont à louer.
« Pour quelqu’un qui est en amour avec l’immeuble, il est possible d’y trouver des locaux avec des aménagements plus récents ou une vue plus intéressante », fait remarquer le courtier.
MOINS DE BUREAUX
Les locaux inoccupés par IQ sont composés de bureaux fermés et d’un local non aménagé. Ces caractéristiques rendent plus difficile la recherche de locataires, puisque ceux-ci préfèrent souvent, de nos jours, des espaces à aires ouvertes.
IQ a d’ailleurs décidé de quitter, en 2022, les bureaux qu’elle occupait (réellement) depuis plusieurs années dans une autre partie du CMM (413, Saint Jacques). La société d’État a également cédé ses bureaux du 600, De La Gauchetière et du 7100, Jean-Talon à Anjou pour s’installer aux 10e et 11e étages du 1001, Robert-Bourassa, un édifice qui appartient aussi à Allied.
IQ loue désormais 74 000 pieds carrés au 1001, Robert-Bourassa et au 8e étage du 380, Saint-Antoine, soit 39 % de moins qu’auparavant. Les loyers annuels pour ces locaux atteignent près de 3 millions $, soit 34 % de moins qu’avant.
Le ministère de l’Économie, lui, demeure au 380, Saint-Antoine, où il paie 3,2 millions $ par année pour plus de 75 000 pieds carrés.
De son côté, Montréal International déménagera du 8e au 6e étage du 380, Saint-Antoine cet automne « pour réduire la superficie que nous occupons », précise une porte-parole, Eve Caron. Ce sera donc la totalité du 8e étage de l’immeuble qui sera à louer.