Un entraîneur d’olympiens se retire en toute discrétion
Alain Bernier avait formé trois des quatre athlètes du Canada aux Jeux de Londres
Figure de proue du taekwondo canadien et international depuis plus de 30 ans, l’entraîneur Alain Bernier prend sa retraite après deux participations aux Jeux olympiques.
Directeur technique et entraîneur de l’équipe d’excellence du club de SainteFoy, qui a formé trois Olympiens au fil des ans, Bernier a quitté ses fonctions en toute discrétion.
« Mettez la lumière sur les jeunes, a souligné Bernier peu friand d’être sous les feux de la rampe. À 62 ans, j’étais assez vieux pour arrêter. Au retour de la pandémie qui a tout mélangé, j’y allais une année à la fois. Tu réalises que la retraite approche quand tu côtoies d’anciens athlètes devenus entraîneurs qui sont maintenant rendus entre 40 et 45 ans. »
En 2012, aux Jeux de Londres, Bernier a réussi un fait d’armes qu’on ne reverra probablement plus jamais. Sous sa gouverne, trois des quatre athlètes de l’équipe canadienne provenaient du même club. Qualifiés aussi pour les Jeux de Pékin quatre ans plutôt, Karine Sergerie et Sébastien Michaud étaient accompagnés par François Coulombe-Fortier qui faisait ses débuts sur la scène olympique.
« Je suis fier des accomplissements au fil des années et reconnaissant d’avoir travaillé avec des athlètes et des personnes de qualité, a souligné Bernier. Être en mesure de qualifier trois athlètes sur quatre aux mêmes Jeux représente un record, mais il y en aura d’autres du club qui vont aller aux Jeux. »
« La médaille d’argent de Karine en 2008 en Chine représente un moment fort de ma carrière à l’instar de toutes les participations aux Jeux, de poursuivre Bernier. Parce qu’elle me faisait confiance, Karine avait quitté Montréal pour venir s’entraîner dans notre club avant Pékin. »
DES ÉLOGES BIEN SENTIS
Si l’entraîneur qui a fait ses débuts au club de Sainte-Foy en 1992 préfère que les projecteurs soient tournés vers les autres, ses anciens athlètes ne tarissent pas d’éloges à son endroit.
« M. Bernier a été le meilleur entraîneur au monde et un deuxième père pour moi, a affirmé Coulombe-Fortier. Il avait tellement une grande capacité de s’adapter au style et à la personnalité de chacun. Il prenait un jeune à ses débuts et le menait au sommet. Aucun autre entraîneur d’une équipe nationale ne suivait le parcours d’un athlète de cette façon. »
Si les Jeux de Londres resteront un grand moment, Coulombe-Fortier, qui a pris sa retraite en 2014 après le US Open, se souvient très bien du championnat canadien junior en 1997.
« À 13 ans, c’était la première fois que je partais en voyage avec mon entraîneur et que je prenais l’avion. J’ai toujours été encadré à la hauteur de mes besoins. M. Bernier a été un modèle pour moi qui a toujours fait passer les intérêts des autres avant les siens. »
À la retraite depuis quelques jours seulement, Marc-André Bergeron a évolué 18 ans sous la gouverne de Bernier.
« Après avoir raté ma qualification pour les Jeux de Paris la semaine dernière, M. Bernier est la première personne que j’ai appelée, a-t-il confié. Il a eu une grande importance dans ma vie. Je n’ai pas la réponse, mais je me demande ce que je serais sans lui. »