Le Journal de Montreal

Felipe Alou a cru que son heure avait sonné

À l’hôpital, le coeur de l’ancien gérant s’activait à 240 battements par minute

- Benoit.rioux@quebecorme­dia.com

Il y a quelques semaines à peine, l’ancien gérant des Expos Felipe Alou était hospitalis­é en Floride. À 88 ans, il avoue avoir pensé que la fin était arrivée pour lui.

« Mon coeur était à 240 battements par minute. Il devait être 1 h 30 du matin. J’ai entendu une infirmière dire à sa collègue : “on va perdre cet homme” », a confié Felipe, lors d’une rencontre privilégié­e avec Le Journal, samedi, durant son séjour à Montréal dans le cadre du gala Expos Fest.

L’homme de baseball a raconté avoir alors manifesté le désir de parler à son épouse, Lucie Gagnon, rentrée à leur domicile de Boynton Beach pour la nuit, pour une dernière fois. Il a contacté son fils Moises pour qu’il amène Lucie à l’hôpital, puis aussitôt son coeur a commencé à décélérer.

« Je n’ai pas peur de mourir, a tranché franchemen­t l’homme de baseball. Je craignais la mort quand j’avais 30, 40 ou 50 ans, mais quand tu vieillis, peut-être à partir de 60 ans, tu sais que ça va arriver un jour de toute façon. »

LA PÊCHE ET LE BASEBALL

Malgré ses ennuis de santé, l’ancien gérant tenait à être présent, samedi à Laval, aux côtés de nombreux joueurs de l’édition 1994 des Expos, dont Pedro Martinez. Sa femme Lucie, qui est d’ailleurs originaire de Laval, a ainsi précisé que son beau Felipe poursuit sa vie en profitant de ce qu’il aime.

« Il a encore son bateau et va régulièrem­ent à la pêche, seul, en haute mer », mentionne-t-elle, non sans laisser poindre une certaine inquiétude dans son visage.

Alou, qui fut notamment le gérant des Expos de 1992 à 2001, continue de suivre également les activités du baseball majeur. Il reconnaît toutefois qu’il aurait été difficile pour lui de diriger une équipe ces jours-ci alors que les frappeurs retirés au bâton sont trop nombreux.

« Un retrait sur des prises par un frappeur, c’est la pire chose pour un gérant, a-t-il glissé. Tu ne gères rien pendant ce temps-là. J’ai toujours détesté les retraits au bâton et les ballons au champ extérieur, à moins d’être dans une situation de ballon-sacrifice. »

« Si tu as cinq joueurs dans ta formation qui obtiennent chacun 100 retraits sur des prises durant une saison, ça fait 500 jeux où il ne se passe rien à l’attaque », a-t-il plaidé.

« LE PLUS INTELLIGEN­T »

Également présent au gala Expos Fest, l’ancien entraîneur des lanceurs Joe Kerrigan était visiblemen­t ému de retrouver Felipe Alou.

« J’ai passé 36 ans dans le baseball profession­nel et j’ai côtoyé plusieurs gérants légendaire­s, dont Dick Williams, Earl Weaver et Joe Torre, et j’estime que Felipe Alou est peut-être le plus grand connaisseu­r de baseball entre tous, a témoigné Kerrigan. Il a emmagasiné tellement d’informatio­ns au fil des ans. En même temps, il est si logique et garde ça simple. C’est un grand esprit du baseball, il est de loin l’homme de baseball le plus intelligen­t que j’ai rencontré. »

L’édition 2024 du gala Expos Fest a servi à amasser quelque 300 000 $ pour le projet du pavillon Kat Demes, lequel est chapeauté par la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

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PHOTO BENOÎT RIOUX L’ancien entraîneur des lanceurs Joe Kerrigan (à gauche) en compagnie de l’ancien gérant des Expos Felipe Alou (à droite), samedi, au gala Expos fest.
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