Le Journal de Montreal

Les élèves qui boudent le français pourraient être pénalisés

Le ministre Drainville a demandé à des experts d’y réfléchir

- DAPHNÉE DION-VIENS – Avec Geneviève Lajoie, Bureau parlementa­ire

Préoccupé par la place grandissan­te de l’anglais dans certaines écoles francophon­es, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, n’exclut pas la possibilit­é de pénaliser les élèves qui ne parlent pas français en classe.

« Le groupe d’experts qui se penche sur la refonte du programme de français, je vais leur demander de réfléchir à ça », a affirmé le ministre hier, en marge d’un point de presse à Lévis.

Le Journal révélait hier que l’anglais s’impose entre les murs de certaines écoles francophon­es.

C’est le cas à Vaudreuil-Dorion, où des élèves ne voient tout simplement plus la nécessité de parler la langue de Molière, même en classe.

Une situation qui force des profs de français à sévir, en leur enlevant des points au bulletin pour la communicat­ion orale.

Mais des enseignant­s dans d’autres matières, comme en histoire ou en science, se sentent bien impuissant­s puisqu’ils ne peuvent pas pénaliser les élèves qui parlent anglais en classe.

INCITER À « AIMER LE FRANÇAIS »

Interrogé pour savoir si les règles en place pourraient être modifiées pour s’assurer que les élèves parlent bel et bien français en classe, le ministre Drainville a affirmé que cette avenue serait étudiée.

« On va y réfléchir. Ce n’est certaineme­nt pas exclu. Il faut juste s’assurer que ce soit la bonne façon, que ce soit la bonne manière, de les inciter pas juste à parler, mais à aimer le français, à avoir le goût de l’apprendre et à le parler au quotidien », a-t-il déclaré.

« Il faut que notre personnel scolaire, nos enseignant­s, nos directions d’école rappellent constammen­t l’importance du français, pas juste dans les classes », a-t-il ajouté.

M. Drainville a rappelé qu’une révision du programme de français était en cours, pilotée par un groupe d’experts qui étudie notamment la possibilit­é d’utiliser davantage d’oeuvres culturelle­s québécoise­s pour enseigner la langue de Molière.

« De cette manière-là, on ferait d’une pierre deux coups. On enseigne le français, mais on branche aussi le français à la culture, pour ne pas justement que ce soit perçu comme une langue comme les autres », a-t-il précisé.

LE CAS DES DEMANDEURS D’ASILE

Le ministre Drainville a par ailleurs affirmé que l’anglicisat­ion observée dans certaines écoles secondaire­s pouvait s’expliquer par le trop grand nombre de demandeurs d’asile qui arrivent au Québec, puisque le réseau scolaire n’a plus les ressources pour les franciser correcteme­nt.

« Si on n’est pas capable de franciser les nouveaux arrivants, et si la première langue vers laquelle ils se tournent est l’anglais, ça crée un environnem­ent dans l’école où [...] à des moments l’anglais prend le dessus sur le français », a ajouté le ministre, qui demande à nouveau à Ottawa de diminuer l’afflux de demandeurs d’asile arrivant au Québec en les répartissa­nt de façon plus équitable dans les autres provinces canadienne­s.

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Ruisseau à Lévis. PHOTO STEVENS LEBLANC Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, participai­t hier à l’inaugurati­on de l’agrandisse­ment de l’école du

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