Ça brasse toujours dans le Village
Résidents et commerçants ne constatent aucune amélioration sur le plan de la sécurité
Commerces placardés, itinérance, drogue : rien ne s’est amélioré dans le Village où résidents et commerçants s’attendent à un autre été chaud malgré les efforts de revitalisation de la Ville.
« Ça dégénère. Avant, quand je sortais de chez moi pour aller à l’épicerie, il fallait que je change de rue une fois. Maintenant, il y a quatre ou cinq cas de gens qui nous agressent ou font un peu peur en une demi-heure », résume Daniel Matte, qui habite dans le quartier depuis cinq ans.
L’ancien attaché de presse dans le milieu de l’édition s’implique depuis quelques mois au sein de la nouvelle association citoyenne du Village.
À 23 h, près du métro Berri, il a déjà vu un homme avec une barre de métal menacer de frapper tout le monde.
Il n’y a que dans son condo du 14e étage qu’il se sent en sécurité.
LA « PIQUERIE » DU MÉTRO BEAUDRY
« Le métro Beaudry, c’est devenu une piquerie. Ça s’injecte sur les bancs, à n’importe quelle heure du matin et du soir », se désole le directeur François Bergeron de la Corporation communautaire Centre-Sud.
Face à la recrudescence de l’itinérance et des enjeux de consommation de drogue, les organismes du communautaire n’ont pas plus de ressources, déplore-t-il.
L’arrondissement Ville-Marie a mis en place une mobilisation « intéressante » pour revitaliser le secteur, mais Québec manque à l’appel, selon lui.
« Il y a beaucoup de sans-abri et de consommateurs de drogue. L’autre fois, on a dû appeler la police parce que quelqu’un dormait juste devant notre vitrine », explique Seung Han Kim, qui prépare avec son père l’ouverture d’un restaurant coréen.
COMMERCES PLACARDÉS
À la veille de piétonnisation de la rue Sainte-Catherine Est pour l’été, de nombreux commerces sont placardés. Certains sont couverts de graffitis.
« Il y a plus de présence policière, mais il n’y a pas plus de sécurité. Il y a toujours autant d’itinérants et de drogués », lâche le nouveau propriétaire du bar Aigle Noir, Alexandre Lacerte Grondin.
Il a l’intention de payer un ou deux employés pour assurer la sécurité de la terrasse cet été.
« Dès qu’on a le dos tourné, ils volent des verres sur la terrasse », témoigne la serveuse d’un restaurant voisin, qui n’a pas voulu s’identifier.
LES POLICIERS FRUSTRÉS
Le poste de quartier 22 du Service de police de la Ville de Montréal, qui dessert le Village, a décliné notre demande d’entrevue.
Mais les incivilités dans le Village sont connues du syndicat des policiers.
« On n’est pas capables d’assurer la sécurité et le sentiment de sécurité alors qu’on sait que les problématiques vont être redoublées avec l’arrivée de l’été. C’est frustrant », a commenté le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur.