Le Journal de Montreal

Denise Filiatraul­t a toujours vingt ans !

Denise Filiatraul­t est directrice du Théâtre du Rideau Vert depuis vingt ans. C’est l’âge de son coeur… et de sa tête !

- guy.fournier@quebecorme­dia.com

Pour elle, le théâtre, c’est d’abord une rencontre avec le public

Hier soir à la salle Le Parquet de la Caisse de dépôt du Québec, on a célébré avec faste cet anniversai­re. L’anniversai­re marque aussi le début de la nouvelle vie du Rideau Vert. Madame Filiatraul­t a accepté sa direction à l’âge où la plupart des gens sont à la retraite depuis quelques années. Sans elle et sans Québecor, qui a pris le Rideau Vert sous son aile au même moment, le théâtre fondé en 1948 par deux obsédées de la scène, Yvette Brind’Amour et Mercedes Palomino, ne serait plus qu’un chapitre oublié dans la petite histoire.

« La grand’jaune » des Belles histoires des pays d’en haut, la Rose Ouimet des Bellessoeu­rs de Michel Tremblay, Cécile dans les Plouffe de Gilles Carles et Roger Lemelin ou la Denise Létourneau de Moi et l’autre, madame Filiatraul­t a mille visages, mais depuis 20 ans, celui de directrice de théâtre a pris le dessus sur tous les autres. Son rôle de directrice, les crinqués du théâtre ne l’ont pas accepté d’emblée. Que venait faire une fantaisist­e, une ex-chanteuse du Faisan doré à la tête d’un théâtre aussi sérieux que le Rideau Vert ?

ON ANNULE UNE SAISON

Trop sérieux peut-être, le Rideau Vert n’en menait pas large. Pourri de dettes, affamé par l’État qui mesquinait ses subvention­s, on a dû annuler la saison 2004-2005. Elle avait pourtant commencé sous de bons auspices avec la reprise de Cabaret qu’avait montée Denise. La comédie musicale a-t-elle décillé les yeux de la direction ? Peut-être, puisque Denise fut aussitôt catapultée directrice artistique. Elle avait juré d’y « être deux ou trois ans, peut-être cinq ! ». Elle y est toujours et fait encore merveille.

Denise parle fort, elle s’énerve, elle crie, elle jure et deux de ses expression­s :

« À quelle heure le punch ? » et « Enchaîne, enchaîne ! » resteront gravées pour des siècles dans l’histoire de notre théâtre. Contrairem­ent à l’adage populaire, Denise a une main de velours dans un gant de fer ! Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Moi qui la connais depuis des lustres sais que — le romancier Robert Lalonde et le beau-fils de Denise, Alexandre Durand-Brault, le savent aussi — « c’est son coeur qui mourra en dernier ».

D’ABORD UNE RENCONTRE

Si le cheminemen­t de Denise à la direction artistique du Rideau Vert n’est pas toujours facile à suivre, c’est qu’elle n’est d’aucune chapelle et qu’elle n’est pas doctrinair­e pour un sou. Pour elle, le théâtre, c’est d’abord une rencontre avec le public et il doit rassembler le plus de monde possible.

Avec Céline Marcotte, la tête froide du Rideau Vert, et Pierre Karl Péladeau, qui soutient madame Filiatraul­t inconditio­nnellement, elle a rallié à la cause du théâtre une pléiade de philanthro­pes de tous les milieux. Ce sont eux qui lui ont rendu, hier soir, un hommage qui lui a tiré les larmes. Une fois de plus…

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