Il vendait des drogues injectables
Une juge vient d’ordonner au naturopathe de cesser de proposer des produits qu’il n’a pas le droit d’offrir
Une juge a ordonné à un naturothérapeute de Montréal de fermer les portes de son entreprise qui vend sur internet des drogues injectables interdites.
« Je mentionne au passage que Jean-François Tremblay fait la promotion de l’usage de peptides chez les enfants. Cela, en soi, permet de conclure au préjudice irréparable », dénonce la juge Catherine Piché.
Ces acides aminés auraient selon Tremblay des propriétés anti-inflammatoires et pourraient aider à réparer des tissus, mais Santé Canada rappelle qu’ils peuvent causer de graves problèmes cardiaques et respiratoires.
ÇA VA FAIRE
C’est pourquoi la juge a ordonné le 15 avril au naturothérapeute à la tête de la compagnie Canlab de cesser la vente et la promotion de peptides sur le Web. Son entreprise était installée rue SaintViateur, dans le quartier du Mile-End.
Il a notamment commercialisé depuis 2021 des fioles d’ocytocine et de triptoréline. Ces produits injectables sur ordonnance sont utilisés pour traiter le cancer de la prostate ou pour contrôler les saignements, selon Santé Canada.
« Tant que les parties défenderesses continuent leurs activités illégales, la population canadienne risque un préjudice sérieux, puisque les drogues de Canlab sont vendues sans que leurs sécurité, qualité ou efficacité n’aient été scientifiquement prouvées. […] De plus, ils ne détiennent pas de licence d’établissement pour les produits pharmaceutiques, tel que requis par la loi », déplore la magistrate.
Selon la décision, Jean-François Tremblay a d’ailleurs multiplié les « comportements illégaux » avant de voir son entreprise fermée la semaine dernière en raison d’une injonction provisoire déposée par le gouvernement canadien.
Dans le document de la Cour supérieure, on apprend que Santé Canada a tenté de rappeler à l’ordre Canlab à plusieurs reprises en 2022 et 2023.
Notons que la compagnie est aussi dirigée par Francine Legault et Gary James Gaul.
Canlab doit désormais cesser de vendre ou de promouvoir ses drogues jusqu’à demain. Le Journal a constaté que tous les sites web de l’entreprise ont été supprimés lundi.
« On n’est vraiment pas les seuls qui vendent ces produits-là, mais ils nous ont ciblés directement pour des raisons que j’ignore. C’est pourtant sécuritaire », nous a répondu Jean-François Tremblay.
Il dit avoir livré près de 16 000 commandes en 2022 et 2023 et compte poursuivre ses activités en Floride.
PAS AUTORISÉES
Mais pourquoi ne pas avoir fait autoriser ses drogues par Santé Canada, si elles sont sans danger, comme il le prétend dans les nombreux balados où il fait la promotion des « peptides injectables » ?
« C’est long à faire homologuer […] Nos produits ne sont pas pour l’usage humain, c’est ce qui est marqué dessus », se défend M. Tremblay.
Santé Canada confirme de son côté qu’elle poursuit ses préparations pour la suite du litige.