L’effet du PSPP «nouveau» ?
Après un an de chute vertigineuse dans les intentions de vote, la Coalition Avenir Québec semble avoir atteint son plancher. Du moins, jusqu’à preuve du contraire.
Selon un sondage Léger/Le Journal, à 24 % d’appuis, la CAQ, depuis mars, fait même un léger gain de deux points. N’empêche que depuis les élections de 2022, pour un parti réélu avec 90 sièges sur 125, ça demeure une perte phénoménale de 17 points.
Le taux d’insatisfaction oscille toujours au-dessus des 60 %. Dans la catégorie « meilleur premier ministre », à 19 %, François Legault remonte de quatre points, mais traîne loin derrière les 29 % du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.
Ces chiffres n’ont rien d’étonnant. Les services publics craquent encore de partout. La situation du français ne s’améliore pas. La crise du logement et de l’itinérance frappent aussi plus fort que jamais.
Tant que le portrait global de la gouverne du Québec ne prendra pas du mieux, les caquistes pourront se réjouir d’avoir peut-être atteint leur plancher, mais ils sont encore loin d’être sortis de l’auberge.
Du côté du meneur, à 34 % des intentions de vote, dont 42 % chez les francophones, les appuis au Parti Québécois sont stables. Depuis le scrutin de 2022, c’est un gain majeur de 17 points.
CHANGEMENT DE TON
Un bémol, par contre. Dans la catégorie « meilleur premier ministre », PSPP baisse à 29 %. Ce recul de trois points n’a cependant rien de dramatique. Le PQ fait même des gains chez les 18-34 ans. Il lui sert toutefois un humble avertissement.
Réalisé du 19 au 21 avril, ce sondage mesure entre autres l’effet du discours nettement plus « dur » livré le 14 avril par le chef péquiste au Conseil national.
Marquant une rupture sur la forme et le fond, il avait troqué son ton posé habituel et son approche positive sur la souveraineté pour une charge à fond de train contre le Canada et l’Empire britannique avec ses déportations et ses exécutions.
Le prochain référendum – une « certitude », disait-il aussi – serait même le dernier. Toute défaite menant le Québec à sa disparition.
Il est vrai que sur le plan purement tactique, PSPP a fait mouche auprès de ses troupes. Il a même réussi à piquer au vif le gouvernement Trudeau et fait ressortir la mollesse de la « troisième voie » de la CAQ.
LE PSPP ORIGINEL
Le sondage montre aussi que le PLQ, comme rempart fédéraliste, en a pris un petit point de plus pendant que Québec solidaire, à 14 %, perd quatre points.
A contrario, le gain de quatre points pour François Legault comme « meilleur premier ministre » et la perte de trois points pour PSPP allument un voyant tout au moins jaune pâle pour le PQ.
Comme je l’écrivais vendredi, le PSPP « nouveau » est quand même un pari risqué. Tout comme le discours des souffrances historiques, aussi vraies soient-elles, la représentation du Canada comme l’enfer sur terre et l’annonce de la disparition du Québec sans indépendance d’ici la fin de la décennie.
Bref, de manière plus large, gare surtout, j’ajoutais, à ne pas dénaturer l’image posée et bien établie du chef péquiste. Ne pas perdre de vue que le PSPP originel, tout aussi affirmatif, mais mesuré, est apprécié des électeurs.
En cette ère de politique volatile et superficielle, sa clarté, sa cohérence et son calme sont ses armes les plus efficaces. Changer une recette gagnante comporte toujours aussi sa part de risque.