Le Journal de Montreal

La prison pour une mère qui avait enlevé son bébé

- MICHAËL NGUYEN

Une jeune mère qui avait causé le déclenchem­ent d’une alerte AMBER après avoir enlevé son poupon a finalement écopé d’un peu moins d’une année de prison après s’être excusée à profusion pour avoir « échoué » dans son rôle de maman.

« J’ai manqué à mon devoir de mère, je n’ai pas su te protéger, je regrette au plus profond de mon coeur. J’ai échoué, mais je m’outillerai pour t’outiller à mon tour », a lancé en larmes l’accusée en lisant une lettre destinée à sa fillette.

La jeune femme d’à peine 18 ans venait de plaider coupable pour enlèvement, survenu en janvier dernier.

À l’époque, le bébé avait été placé chez sa grand-mère maternelle en raison d’événements de violence survenus quelques mois plus tôt dans le domicile familial, mais dans lesquels la mère ne semble pas avoir joué un rôle.

La petite allait mieux, jusqu’à ce qu’elle se volatilise un beau matin.

NULLE PART OÙ ALLER

« La grand-mère a appelé la police et une enquête de grande ampleur a été déclenchée, menant à une alerte AMBER en après-midi », a dit Me Jérôme Laflamme.

N’ayant pas d’endroit où aller, les parents, qui étaient partis avec la petite, se sont rendus dans une mosquée. Un imam a reconnu l’enfant et tenté d’appeler le 911, mais un problème technique a fait en sorte que cela n’a pas fonctionné.

Les parents ont alors déguerpi. Incapable de trouver refuge, la mère s’est alors pointée avec son enfant dans une autre mosquée, mais un employé les a reconnus et a contacté la police.

« Elle a été retrouvée là, en train de dormir avec son bébé », a expliqué le procureur. L’alerte AMBER a ensuite été levée.

VIOLENCE CONJUGALE

L’accusée, que l’on ne peut nommer afin de protéger l’identité de sa petite, a admis ses torts hier au palais de justice de Montréal. Mais si elle a pu s’en sortir avec une peine « clémente » de 10 mois et demi d’incarcérat­ion, c’est parce qu’elle est prise dans un cycle de violence conjugale.

« C’est une prison pour l’esprit et le corps, a dit Me Laflamme. C’est une dynamique connue, elle ne voulait pas porter plainte. Mais on a une petite lueur d’espoir qu’elle le réalise. »

Me Myriam Chakir, de la défense, a renchéri en affirmant que sa cliente avait « pris conscience » de son problème pendant sa détention préventive et qu’elle était maintenant mieux entourée.

Face à cette situation particuliè­re, le juge Christian M. Tremblay s’est rangé à la suggestion des avocats, tout en rappelant que le crime ne devait pas rester impuni.

« C’est une faute importante pour laquelle vous allez payer, mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas tirer de leçon », a dit le magistrat.

Les yeux rougis, la jeune femme a remercié le juge avant de reprendre le chemin de la détention. Une fois libre, elle devra respecter une probation de deux ans.

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