SYNDICALISME ET MARCHÉ DU TRAVAIL
La petite histoire de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs
Depuis plus d’un siècle, en Occident, le premier jour du mois de mai est associé à la lutte des travailleurs pour leurs droits. À l’ère moderne, la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs est célébrée un peu partout dans le monde. C’est l’occasion de grands rassemblements syndicalistes, de contestations et de manifestations. Voyons les origines historiques de la fête du Premier mai et comment le Québec la commémore.
POUR UNE JOURNÉE DE HUIT HEURES DE TRAVAIL
À la fin du 19e siècle, le mouvement ouvrier aux États-Unis a mené le combat pour réduire la journée de travail à un maximum de huit heures. En 1884, les syndicats américains ont entamé le combat visant à obtenir ce gain important pour les travailleurs en deux ans. Leur action a été lancée le 1er mai, car c’était très souvent ce jour-là que les contrats prenaient fin, forçant plusieurs ouvriers à se chercher du travail. Le 1er mai 1886, une grève générale a été entamée par 340 000 travailleurs dans tout le pays.
En juillet 1889, l’Internationale socialiste a tenu une réunion à Paris, à l’occasion du centenaire de la Révolution française et de l’exposition universelle. C’est lors de cette rencontre qu’il a été décidé de faire du 1er mai une journée internationale de manifestations pour la réduction de la journée de travail à huit heures. Le choix du 1er mai s’appuyait sur la résolution prise en 1888 par la Fédération américaine du travail de faire de cette journée l’occasion d’organiser des manifestations à travers le pays pour ce même objectif.
DES CÉLÉBRATIONS VARIABLES
Aujourd’hui, le 1er mai est l’occasion pour les travailleuses et les travailleurs du monde entier de descendre dans la rue pour défendre leurs droits, réclamer une justice économique et célébrer leur pouvoir collectif. Dans les pays émergents, le 1er mai est aussi une journée pour dénoncer l’exploitation des travailleurs et revendiquer leur droit à la syndicalisation. Au Québec, cette journée est l’occasion de rappeler les grandes victoires remportées grâce à la solidarité des travailleurs comme la journée de huit heures, les congés de maladie et le droit de travailler dans un environnement sécuritaire. La mobilisation québécoise du Premier mai varie d’une année à l’autre, souvent selon les thèmes qui sont mis de l’avant par des coalitions de syndicats.
LA FÊTE DU TRAVAIL
En Europe, le 1er mai est un jour férié dans plusieurs pays. Aux États-Unis et au Canada, c’est plutôt le premier lundi du mois de septembre qu’est soulignée la journée de reconnaissance des droits et acquis des travailleurs. Cette différence remonte à la fin du 19e siècle. Les patrons aux États-Unis voyaient un danger à permettre aux travailleurs de célébrer le 1er mai, car l’Internationale socialiste s’était approprié cette journée en 1889. La Fédération américaine du travail s’est donc mise d’accord avec le pouvoir capitaliste pour fixer la fête du Travail au début du mois de septembre plutôt que le 1er mai. Le Canada a emboîté le pas, et à partir de 1894, le premier lundi de septembre est donc devenu un jour férié. Le Québec a légalisé cette fête en 1899. Or, à partir des années 1970, le Québec s’est démarqué du reste de l’Amérique du Nord, avec des mobilisations plus fortes et plus importantes le 1er mai.