Le Journal de Montreal

Le Québec pleure un géant

L’un des grands de la chanson d’ici s’est éteint samedi, à 89 ans

- CÉDRIC BÉLANGER – Avec Samuel Pradier, Agence QMI, et Sarah-Émilie Nault

Déjà bouleversé­s par la sortie de l’ultime album des Cowboys Fringants, les Québécois pleurent maintenant depuis samedi soir la mort d’un monument de notre chanson nationale, le petit roi Jean-Pierre Ferland.

Le premier ministre François Legault a annoncé hier que des funéraille­s nationales seront organisées si c’est ce que souhaite sa famille.

Le créateur du mythique album Jaune a rendu l’âme à l’âge de 89 ans, au CHSLD Desy de Saint-Gabriel-de-Brandon, où il était hospitalis­é depuis le 14 février, a annoncé sa famille par communiqué.

Il laisse dans le deuil sa fille, Julie, son fils, Bruno, ainsi que sa conjointe des deux dernières décennies, Julie Anne Saumur.

« La mort ? Je n’ai pas peur de ça pantoute, avait-il confié à notre collègue Sarah-Émilie Nault en 2021. Ma vie est faite, j’ai eu du plaisir. Quand tu as réussi ta vie et que tu as 87 ans, tu te dis : “Je vais mourir quand je vais mourir, c’est tout !” Mais il ne faut pas que je dise ça à des gens qui m’aiment. »

DE NOMBREUX SUCCÈS

Auteur de plus de 450 chansons, de 30 albums et de quatre comédies musicales, Jean-Pierre Ferland compte parmi les plus grands artistes de l’histoire du Québec. Il a aussi reçu de nombreux prix et distinctio­ns.

« Il avait le charisme, l’humour et le talent d’écrire et la grande sensibilit­é de faire voyager ses textes et sa musique », affirme un de ses grands amis, le producteur Paul Dupont-Hébert.

La liste des succès de cet incorrigib­le charmeur donne le vertige : Je reviens chez nous, Le petit roi, Quand on aime on a toujours vingt ans, T’es mon amour, t’es ma maîtresse, Un peu plus haut, un peu plus loin et Une chance qu’on s’a ne sont que quelques-uns des titres qui se sont installés à demeure dans le coeur des Québécois au cours des 60 dernières années.

Le petit gars de la rue Chambord, à Montréal, a d’abord été remarqué au sein de la troupe Les Bozos, aux côtés de Clémence DesRochers, Raymond Lévesque, Hervé Brousseau et Claude Léveillée.

Lancé par la chanson Feuilles de gui, Jean-Pierre Ferland partage son temps, durant les années 1960, entre la France et le Québec.

En 1970, Jean-Pierre Ferland marque un tournant dans l’histoire de la musique québécoise en publiant son album Jaune, sur lequel il explore de nouvelles sonorités et qui tranche avec le style chansonnie­r alors en vogue.

En 1974, il écrit le magnifique duo T’es mon amour, t’es ma maîtresse, qu’il interprète avec Ginette Reno.

Au cours des années suivantes, il participe à des spectacles de la Fête nationale mémorables (voir page 5).

En 2008, une puissante interpréta­tion d’Un peu plus haut, un peu plus loin marquera les retrouvail­les de Ferland, Reno et Céline Dion sur les plaines d’Abraham, à Québec.

UN RETOUR EN FORCE

Après une période où on le voit surtout à la télé, notamment à l’animation de l’émission L’autobus du show-business, de 1987 à 1990, sa carrière musicale connaît un second souffle grâce aux albums Bleu blanc blues et Écoute pas ça.

Une tournée d’adieu, en 2006, n’en sera finalement pas vraiment une puisqu’on le revoit ensuite plusieurs fois sur scène, notamment aux Francos de Montréal et au Festival d’été de Québec.

En 2013, c’est à la télévision qu’on le retrouve en tant que coach pour la première saison de l’émission La Voix.

 ?? La vie m’émeut, l’amour m’étonne. PHOTO D’ARCHIVES ?? En 2017, à l’Auberge Saint-Gabriel, à Montréal, pour le lancement de son album
La vie m’émeut, l’amour m’étonne. PHOTO D’ARCHIVES En 2017, à l’Auberge Saint-Gabriel, à Montréal, pour le lancement de son album

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