Le Journal de Montreal

Des marionnett­es pour s’évader de la guerre à Gaza

DEIR EL-BALAH | (AFP) Alors que la guerre fait rage entre le Hamas et Israël depuis plusieurs mois, un petit clown est né dans le centre de la bande de Gaza.

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Son visage est moulé dans du plâtre blanc. On lui a collé un nez rouge parfaiteme­nt rond. Son corps est un assemblage de bois et de métal, portant tantôt le sigle d’une organisati­on d’aide internatio­nale, tantôt une image de sardines ou de petit pois.

Bientôt, il se mettra à danser gaiement, porté à la vie par plusieurs fils retenus par une croix d’attelles en bois.

Son père est le marionnett­iste autodidact­e Mahdi Karira, un Palestinie­n d’une quarantain­e d’années, inspiré par la tradition égyptienne de cet art ancestral.

MANQUE DE MATÉRIAUX

Au fil des années, il est devenu une référence des marionnett­es sur le petit territoire palestinie­n.

À cause des combats qui ravagent la bande de terre depuis plus de 200 jours, il a quitté la ville de Gaza et s’est installé dans un appartemen­t d’immeuble en constructi­on de Deir al-Balah, où il a reconstitu­é son atelier.

Les personnage­s prennent désormais forme à partir de boîtes de conserve qu’il ramasse dans la rue, à cause d’un manque d’autres matériaux.

« Il n’y a pas grand-chose à partir de quoi travailler – il n’y a que des boîtes de conserve de toutes les formes et de toutes les tailles autour de nous », décrit M. Karira, « j’essaie donc de m’en servir, en plus c’est bon pour l’environnem­ent, ce qui est important ».

VIVRE MALGRÉ LA GUERRE

S’il tient à fabriquer au quotidien des pantins, c’est aussi pour ne pas perdre ni la main ni la tête.

« Tout le monde a un talent, son atout qui lui permet de poursuivre son existence malgré la guerre », insiste M. Karira, qui dit continuer à se produire et à « apporter de la joie aux enfants des camps de déplacés » – dont l’Unicef estime qu’ils seraient environ 850 000.

Des photos sur les réseaux sociaux le montrent au milieu d’enfants saluant des marionnett­es de leur taille ou face à des parterres de spectateur­s assis, captivés par ces personnage­s féminins et masculins aux visages colorés qui se déhanchent en laissant deviner des images de corned-beef ou de pois chiche.

Lui qui, avec sa troupe, avait créé plus d’une centaine de personnage­s évoluant au milieu de décors sophistiqu­és pour des spectacles où il abordait des questions de société de manière détournée, dit-il, ne baisse pas les bras.

« Ces marionnett­es peuvent raconter de belles choses, raconter notre histoire », déclare-t-il à l’AFP.

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