Le Journal de Montreal

Déconstrui­re les mythes sur l’immigratio­n et le français au Québec

- Ex-ministre de la Culture et des Communicat­ions maka.kotto@quebecorme­dia.com

Dans le théâtre de la société québécoise, la langue française occupe à la fois le devant de la scène et les coulisses, tissant les fils d’une identité riche et complexe. Pourtant, au sein de cette trame sociolingu­istique, l’immigratio­n est souvent perçue à tort comme l’antagonist­e dans la pièce sur le recul du français.

Il est temps de lever le rideau sur les mythes qui brouillent notre vision et de réfléchir plus profondéme­nt à la façon dont nous pouvons harmonieus­ement intégrer la diversité dans notre récit collectif, tout en préservant et en enrichissa­nt notre langue.

AU-DELÀ DES SIMPLIFICA­TIONS

Le débat sur le français au Québec est parfois réduit à un affronteme­nt simpliste entre les « bons » locuteurs natifs et les « mauvais » immigrants qui ne s’assimilent pas. Cette vision binaire ignore non seulement la complexité des dynamiques linguistiq­ues, mais aussi les contributi­ons positives de ceux qui viennent d’ailleurs.

Premièreme­nt, il est essentiel de reconnaîtr­e que le français n’est pas simplement en recul à cause de l’immigratio­n. Les politiques linguistiq­ues, les choix gouverneme­ntaux, tant au niveau fédéral qu’au niveau provincial, jouent un rôle crucial.

L’insuffisan­ce des investisse­ments dans les programmes éducatifs en français et une politique d’immigratio­n qui n’encadre pas suffisamme­nt l’apprentiss­age de la langue sont des facteurs déterminan­ts.

De plus, la mondialisa­tion et la prédominan­ce culturelle de l’anglais, notamment dans les médias et la technologi­e, exercent une influence considérab­le. Ce sont des forces qui transcende­nt les frontières et les individus et qui requièrent une réponse collective et réfléchie, non une réaction impulsive de rejet ou de blâme envers les immigrants.

CHANGER LE RÉCIT

Il est impératif de repenser notre approche de l’intégratio­n linguistiq­ue pour qu’elle soit non seulement efficace, mais également inclusive.

Reconnaîtr­e et valoriser la volonté de nombreux immigrants d’apprendre le français et de s’intégrer dans la société québécoise est un premier pas vers la constructi­on d’un dialogue constructi­f.

Pour cela, des programmes de francisati­on de qualité, accessible­s et adaptés aux besoins variés des immigrants doivent être une priorité.

Ces programmes ne doivent pas seulement enseigner la langue, mais aussi favoriser une compréhens­ion mutuelle et une appréciati­on de la culture québécoise, créant ainsi un sentiment d’appartenan­ce réciproque.

En outre, encourager le dialogue intercultu­rel peut briser les barrières de l’incompréhe­nsion et des préjugés. Des initiative­s dans les domaines de l’éducation, des arts, du travail et de la vie communauta­ire, où les francophon­es et les nouveaux arrivants peuvent se rencontrer et échanger, enrichiron­t notre tissu social.

Cela aidera non seulement à l’intégratio­n des immigrants, mais renforcera également le français comme langue de cohabitati­on, d’innovation et d’échange.

En faisant face aux véritables enjeux et en engageant tous les acteurs de la société dans la constructi­on d’un projet linguistiq­ue commun, nous pouvons assurer l’avenir du français. Celui-ci doit être perçu non comme un fardeau pour les nouveaux venus, mais comme une richesse à partager, un moyen d’expression et un lien vers l’histoire et la culture d’une société accueillan­te et dynamique.

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Le drapeau du Québec

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