Le Journal de Montreal

Une des pires années d’Hydro-Québec

Québec devra se montrer moins gourmand envers la société d’État, sans quoi la situation risque d’empirer L’an dernier, les clients d’HydroQuébe­c ont passé en moyenne près de 17 heures sans électricit­é, soit trois heures de plus qu’en 2022.

- DAVID DESCÔTEAUX

Ces chiffres proviennen­t de documents remis la semaine dernière à la Régie de l’énergie par Hydro-Québec, qui doit lui transmettr­e annuelleme­nt des renseignem­ents sur ses activités de distributi­on.

En 2023, les clients d’Hydro ont passé en moyenne près de 17 heures (1008 min) sans électricit­é, alors que cette durée était de 13,7 heures (821 min) en 2022 et d’environ 5,5 heures (346 min) en 2021.

LA MÉTÉO AU BANC DES ACCUSÉS

Selon Hydro-Québec, les nombreux feux de forêt en Abitibi, au Saguenay–LacSaint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec sont responsabl­es d’un grand nombre de ces interrupti­ons de service.

La tempête de pluie verglaçant­e et les vents violents d’avril 2023, ainsi que les violents orages du mois de juillet, qui ont privé d’électricit­é 392 000 clients au plus fort de la tempête, ont aussi leur part de responsabi­lité, selon la société d’État.

LA MONTÉRÉGIE PARMI LES PIRES

De toutes les régions du Québec, c’est la Montérégie qui a subi le plus grand nombre de pannes en 2023. Selon des documents transmis par Hydro-Québec lors de l’étude des crédits budgétaire­s à Québec, les Montérégie­ns ont dû affronter 15 135 pannes l’an dernier.

La région des Laurentide­s arrive deuxième avec 8268 pannes, suivie par Montréal (7357 pannes) et la région de la Capitale-Nationale (6919 pannes). Les interrupti­ons incluent les pannes et les interrupti­ons planifiées de 5 minutes et plus.

« Il est de notoriété publique que l’année 2023 a été une des pires des 15 dernières années au chapitre des pannes d’électricit­é », admet Cendrix Bouchard, d’Hydro-Québec. « L’améliorati­on de la qualité du service est la priorité numéro un de notre plan d’action 2035 », dit-il.

L’APPÉTIT DU GOUVERNEME­NT

Hydro-Québec s’est donné l’ambition de corriger la tendance et de réduire le nombre de pannes de 35 % d’ici sept à dix ans. La société d’État veut dépenser jusqu’à 50 milliards $ dans les prochaines années pour améliorer la situation.

« Selon les régions, de 40 % à 70 % des pannes sont attribuabl­es à la végétation qui entre en contact avec nos équipement­s. L’élagage et la coupe d’arbres sont les principaux moyens de les prévenir (...) Nous aurons besoin de la collaborat­ion du public et des acteurs des différents milieux », explique Cendrix Bouchard.

Le problème, selon Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal, c’est que le gouverneme­nt veut toujours plus d’argent venant de sa principale vache à lait. « Quand le ministre des Finances dit: “Moi, j’ai besoin de plus de revenus d’Hydro-Québec’’, pendant qu’on n’augmente pas les tarifs, je ne vois pas comment on va être capable d’améliorer la situation pour les citoyens », dit-il.

« On ne peut pas améliorer le réseau s’il n’y a pas moyen de dégager de l’argent pour faire le travail. Ne rêvons pas », ajoute celui qui est aussi directeur scientifiq­ue de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechni­que Montréal.

Selon lui, le gouverneme­nt devra soit accepter un dividende moins élevé de la part d’Hydro-Québec au cours des prochaines années, soit décréter des hausses importante­s des tarifs d’électricit­é.

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