Une des pires années d’Hydro-Québec
Québec devra se montrer moins gourmand envers la société d’État, sans quoi la situation risque d’empirer L’an dernier, les clients d’HydroQuébec ont passé en moyenne près de 17 heures sans électricité, soit trois heures de plus qu’en 2022.
Ces chiffres proviennent de documents remis la semaine dernière à la Régie de l’énergie par Hydro-Québec, qui doit lui transmettre annuellement des renseignements sur ses activités de distribution.
En 2023, les clients d’Hydro ont passé en moyenne près de 17 heures (1008 min) sans électricité, alors que cette durée était de 13,7 heures (821 min) en 2022 et d’environ 5,5 heures (346 min) en 2021.
LA MÉTÉO AU BANC DES ACCUSÉS
Selon Hydro-Québec, les nombreux feux de forêt en Abitibi, au Saguenay–LacSaint-Jean, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec sont responsables d’un grand nombre de ces interruptions de service.
La tempête de pluie verglaçante et les vents violents d’avril 2023, ainsi que les violents orages du mois de juillet, qui ont privé d’électricité 392 000 clients au plus fort de la tempête, ont aussi leur part de responsabilité, selon la société d’État.
LA MONTÉRÉGIE PARMI LES PIRES
De toutes les régions du Québec, c’est la Montérégie qui a subi le plus grand nombre de pannes en 2023. Selon des documents transmis par Hydro-Québec lors de l’étude des crédits budgétaires à Québec, les Montérégiens ont dû affronter 15 135 pannes l’an dernier.
La région des Laurentides arrive deuxième avec 8268 pannes, suivie par Montréal (7357 pannes) et la région de la Capitale-Nationale (6919 pannes). Les interruptions incluent les pannes et les interruptions planifiées de 5 minutes et plus.
« Il est de notoriété publique que l’année 2023 a été une des pires des 15 dernières années au chapitre des pannes d’électricité », admet Cendrix Bouchard, d’Hydro-Québec. « L’amélioration de la qualité du service est la priorité numéro un de notre plan d’action 2035 », dit-il.
L’APPÉTIT DU GOUVERNEMENT
Hydro-Québec s’est donné l’ambition de corriger la tendance et de réduire le nombre de pannes de 35 % d’ici sept à dix ans. La société d’État veut dépenser jusqu’à 50 milliards $ dans les prochaines années pour améliorer la situation.
« Selon les régions, de 40 % à 70 % des pannes sont attribuables à la végétation qui entre en contact avec nos équipements. L’élagage et la coupe d’arbres sont les principaux moyens de les prévenir (...) Nous aurons besoin de la collaboration du public et des acteurs des différents milieux », explique Cendrix Bouchard.
Le problème, selon Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal, c’est que le gouvernement veut toujours plus d’argent venant de sa principale vache à lait. « Quand le ministre des Finances dit: “Moi, j’ai besoin de plus de revenus d’Hydro-Québec’’, pendant qu’on n’augmente pas les tarifs, je ne vois pas comment on va être capable d’améliorer la situation pour les citoyens », dit-il.
« On ne peut pas améliorer le réseau s’il n’y a pas moyen de dégager de l’argent pour faire le travail. Ne rêvons pas », ajoute celui qui est aussi directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal.
Selon lui, le gouvernement devra soit accepter un dividende moins élevé de la part d’Hydro-Québec au cours des prochaines années, soit décréter des hausses importantes des tarifs d’électricité.