Le Journal de Montreal

« Il a mené une grande vie... »

Paul Dupont-Hébert a côtoyé Jean-Pierre Ferland durant quelque cinquante ans

- SARAH-ÉMILIE NAULT

Paul Dupont-Hébert était un grand ami de Jean-Pierre Ferland. Sans savoir qu’il le voyait pour la dernière fois, il a passé un beau moment avec son complice des 50 dernières années à l’hôpital une semaine avant sa mort. « C’était très agréable, malgré tout. Il m’a reconnu et a plaisanté avec ses yeux comme il le fait toujours », confie-t-il au Journal.

« Il parlait moins, mais je pense qu’il ne souffrait pas. Il était conscient des gens autour de lui, il était bien. À 89 ans, c’est quelquefoi­s l’âge d’un rendez-vous... Il va être capable de nous dire si c’est vrai que God Is an American (rires) [le titre d’une de ses chansons] », explique le producteur avec douceur.

RACONTER À SON AMI

« Comme il ne parlait pas beaucoup, je lui ai raconté ce que j’avais fait, ce qui se passait, la températur­e, la route que j’avais faite. Il écoutait. Je racontais à mon ami, qui lui, acquiesçai­t et écoutait mon demain et mon hier », raconte-t-il.

L’agent d’artiste considère comme une grande chance le fait d’avoir pu voir son compagnon une dernière fois avant son grand départ.

« Ce sont des souvenirs heureux : sa cabane à sucre, les fêtes qu’il faisait chez lui, les rencontres au resto, les marches avec son chien, son amour pour les chevaux, la bouffe, il aimait tellement faire à manger, son jambon à l’érable, c’était tout un cook ! » se souvient-il.

GILLES VIGNEAULT ET LE MOMENT PRÉSENT

Les deux copains avaient un tas de choses en commun, dont l’amour de la nature, des animaux, des fleurs et des autres.

« On est tous les deux de grands amis de Gilles Vigneault. On aimait le même monde, les mêmes restos, boire le même vin. C’est comme ça qu’une amitié se crée », poursuit celui qui a accompagné l’artiste à un nombre incalculab­le de spectacles.

Trop bouleversé pour parler à la presse, Gilles Vigneault est effectivem­ent décrit comme un « homme très sensible » par Paul Dupont-Hébert.

« Il est très sensible aux gens qu’il connaît qui ont un certain âge et qui partent. Quand on connaît des gens depuis si longtemps, c’est douloureux de les voir partir. Mais Gilles est un homme très fort qui n’a pas peur de sa propre vieillesse », dit-il. Quant à son ami Jean-Pierre, il se souvient que, lorsqu’il se faisait poser des questions sur l’après, il répondait tout bonnement : « Je m’en fous, je vais être mort ! »

« Il vivait le temps présent, chaque minute, chaque seconde de chaque jour. Il profitait du temps présouffle-t-il. sent »,

DES SOUVENIRS HEUREUX

M. Dupont-Hébert explique que de pouvoir rendre aujourd’hui hommage à son grand ami lui fait le plus grand bien. Il gardera en lui le souvenir d’un auteur-compositeu­r que public et amis adoraient pour son charisme, son humour, son talent d’écriture et sa grande sensibilit­é de faire voyager ses textes et sa musique.

« Sa façon d’être sur les planches, aussi. Quelques minutes avant d’entrer sur scène, il se mettait dans sa bulle, dans ses textes. Il avait beaucoup de plaisir à pratiquer son métier. Il a mené une grande vie jusqu’à la fin. »

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PHOTOS FOURNIE PAR ISABELLE BOUTIN ET D’ARCHIVES Paul Dupont-Hébert en compagnie de Jean-Pierre Ferland.
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Gilles Vigneault

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