Le Journal de Montreal

Les taux d’intérêt plombent le marché des véhicules d’occasion

Les concession­naires et leurs clients ne sont pas encore sortis de l’auberge

- MATHIEU BOULAY

Malgré des baisses de prix de 20 % depuis quelques semaines, faire l’achat d’un véhicule d’occasion demeure un casse-tête financier pour les personnes intéressée­s.

C’est le cas de Catherine Patry qui était à la recherche d’un véhicule depuis son accident au début du mois d’avril. Avec un chèque des assurances en poche, elle souhaitait éviter de payer un montant supplément­aire dans sa transactio­n.

Après plusieurs recherches sur les sites spécialisé­s et sur les réseaux sociaux, elle s’est retrouvée à faire un choix entre deux véhicules qui remplissai­ent ses critères. Cependant, pour l’un des deux, elle devait sortir 10 000 $ de sa poche.

« J’ai vu un taux de 8,8 % et pour moi, ce n’est pas logique de financer une auto, explique Catherine Patry. Le 10 000 $ de plus, je ne l’aurais pas mis sur une voiture, mais plutôt sur quelque chose qui m’apporte plus de plaisir. »

Durant sa quête pour un VUS avec transmissi­on intégrale, la directrice d’une compagnie internatio­nale de sécurité s’est rendu compte qu’elle devait être vigilante dans ses négociatio­ns.

« J’étais intéressée par un véhicule sur Marketplac­e. Après vérificati­on de l’historique de l’auto, ça ne concordait pas avec ce que le vendeur me disait. J’ai laissé tomber. Je n’avais pas le goût de me faire avoir. »

FINANCEMEN­T MOINS ACCESSIBLE

Le cas de Mme Patry n’est pas unique. Les taux d’intérêt élevés pour le financemen­t d’une voiture et le taux d’endettemen­t des clients peuvent faire achopper une transactio­n potentiell­e. Un scénario récurrent depuis deux ans.

« On parle de 50 % de refus à l’heure actuelle, et les institutio­ns financière­s ne peuvent rien faire, mentionne Dominique Durocher, d’Entrepôt Auto Durocher. On voit aussi des clients qui doivent changer de marque de véhicule en raison de leur paiement mensuel trop élevé. »

Une situation qui ne surprend pas le syndic en insolvabil­ité Pierre Fortin.

« Le paiement mensuel touche au ratio d’endettemen­t qui est à la base de toute demande de crédit. Depuis la pandémie, il y a deux impacts majeurs, soit le taux d’intérêt qui est à 8-9 % et la valeur des autos qui a explosé.

« Avant, on voyait des paiements de 400 ou 450 $ par mois. Là, on parle plus de 700 ou 800 $. C’est clair qu’il y a beaucoup moins de gens qui peuvent se qualifier. »

AJUSTEMENT IMPORTANT

Après une période où les véhicules usagés étaient affichés à des prix astronomiq­ues, on assiste tranquille­ment à un retour à la normale, selon les concession­naires à qui nous avons parlé.

« Les prix ont baissé dans les derniers mois, mais ils sont encore beaucoup plus élevés que ceux que l’on voyait avant la pandémie, mentionne Dominique Durocher. Le marché fluctue beaucoup au point où on doit ajuster nos prix et nos inventaire­s toutes les semaines. »

« Il y a eu une surchauffe comme avec les maisons, ajoute le président d’Albi, Denis Leclerc. Plusieurs personnes achètent du neuf parce qu’il n’y a plus de temps d’attente comme on l’a vu durant la pandémie.

« Ç’a fait baisser les prix dans l’usagé. On était indépendan­ts dans les deux dernières années, mais là, le client peut nous parler.

« On doit revenir à une dépréciati­on logique. On prévoit un retour à la normalité en 2025. »

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Après son accident au début du mois d’avril, Catherine Patry garde le sourire durant le processus qui a mené à l’achat de son nouveau véhicule.
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DENIS LECLERC, président d’Albi Le Géant

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