Une ex-dirigeante du privé à la tête de Santé Québec
La patronne des 330 000 employés du réseau veut améliorer le service à la clientèle
La toute première patronne de la nouvelle agence Santé Québec, Geneviève Biron, devra installer un « mur de Chine » entre elle et sa famille, propriétaire d’une importante entreprise privée du domaine médical, le groupe Biron.
Après des mois de recherche et 61 candidatures, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a finalement dévoilé sa top gun qui dirigera la nouvelle agence chargée de chapeauter la gestion quotidienne du réseau de la santé.
Geneviève Biron deviendra présidente et cheffe de la direction (PCD) de Santé Québec, après avoir occupé dans le passé les mêmes fonctions au sein de Biron Groupe Santé, une entreprise créée par son père en 1952.
« Elle est une entrepreneur québécoise dont la famille a fondé l’un de nos plus beaux fleurons québécois, qui a décidé de se lancer dans ce grand défi avec la principale motivation d’améliorer l’accès aux services de santé et [aux] services sociaux à la population », a déclaré Christian Dubé.
Du même souffle, le ministre a annoncé la nomination du nouveau bras droit de Mme Biron, Frédéric Abergel.
Celui qui était PDG du CHUM depuis février 2023 deviendra vice-président exécutif aux opérations et à la transformation de la nouvelle agence.
LA PLACE DU PRIVÉ EN SANTÉ
Le ministre Dubé fait valoir que l’arrivée d’une dirigeante issue du privé permettra d’apporter de nouvelles solutions pour améliorer la gestion du réseau de la santé.
« Si on veut obtenir des résultats différents, on doit réfléchir et agir différemment », dit-il.
Mais Geneviève Biron avait peu de commentaires à offrir, à son premier jour au boulot, sur les changements qu’elle souhaite apporter au mammouth de la santé.
Tout au plus, la nouvelle patronne des quelque 330 000 employés du réseau fait valoir ses 30 années d’expérience qu’elle souhaite mettre à profit pour améliorer l’accès et le service à la clientèle.
La création de Santé Québec, dit-elle, représente une belle opportunité pour apporter plus de « flexibilité » dans le système. Mme Biron refuse d’ailleurs d’écarter un plus grand apport du privé en santé.
Malgré son important poste au sein du secteur public, Geneviève Biron demeurera propriétaire de Propulia Capital, un fonds de capital-risque qui investit dans des entreprises en phase de démarrage dans plusieurs domaines, dont la santé et l’intelligence artificielle.
Québec assure que la nouvelle patronne du réseau de la santé « se dégagera des décisions dans ses investissements qui pourraient toucher le secteur de la santé au Québec ».
Surtout, Mme Biron devra mettre en place un « mur de Chine » pour l’empêcher de discuter de ses dossiers avec son mari, avocat en droit médical pour le réseau de la santé, et sa soeur qui dirige toujours le groupe Biron.
À titre d’exemple, l’entreprise familiale avait obtenu 32 millions $ du fédéral pour effectuer des tests obligatoires de COVID à l’aéroport Montréal-Trudeau durant la pandémie.
« C’est une structure qui met la distance qu’il faut pour gérer adéquatement », assure Geneviève Biron.
NOMINATION CRITIQUÉE
Mais ces commentaires n’ont pas rassuré le critique de Québec solidaire, Vincent Marissal.
« Ce parti pris en faveur du privé en santé est consternant, mais la nomination de Geneviève Biron a le mérite d’être claire : le privé est désormais aux commandes de notre réseau de santé », estime-t-il.