Barricadés et prêts à résister
L’Université McGill pourrait demander à la police d’intervenir auprès du campement propalestinien
Le campement propalestinien au campus de l’Université McGill a triplé de taille en seulement deux jours et est maintenant barricadé, une situation qui inquiète l’administration pendant que les manifestants se préparent à résister à une éventuelle intervention policière.
« Nous serons ici aussi longtemps que nécessaire. Nous allons défendre ce campement et nous sommes prêts à résister à la police », a martelé hier Zeca Eufemia, un étudiant de l’Université McGill qui a passé la nuit précédente dans l’une des quelque 80 tentes installées sur un terrain gazonné de l’établissement d’enseignement supérieur anglophone.
La taille du campement a triplé depuis qu’il a été érigé, samedi, par Zeca et d’autres étudiants.
Il est désormais encerclé de barrières en métal, alors que son entrée est contrôlée par des manifestants masqués, qui ont d’ailleurs refusé l’accès à notre journaliste.
D’AUTRES UNIVERSITÉS
« Il y a des gens d’autres universités qui sont venus nous soutenir et camper avec nous », a renchéri Ali Salman, organisateur du campement et étudiant de l’Université Concordia. Des associations propalestiniennes de l’UQAM et de l’Université de Montréal ont invité, dimanche, leurs communautés étudiantes respectives à se joindre au campement.
Des dizaines de personnes sont venues afficher leur soutien aux campeurs hier, notamment en venant porter de la nourriture.
Ils demandent entre autres à l’Université de retirer ses investissements auprès des institutions et des entreprises accusées de profiter à l’armée et à l’État d’Israël, explique Barry Eidlin, professeur de sociologie à l’Université McGill.
M. Eufemia souligne que l’idée est venue des campus américains, dont l’Université Columbia, où des campements ont été érigés au cours des dernières semaines.
COMPORTEMENTS INTIMIDANTS
L’Université McGill a envoyé un message à ses étudiants, hier matin, pour faire part de ses inquiétudes face à la situation.
Après avoir visionné des vidéos, la direction a constaté que « des individus ont un comportement intimidant et tiennent des propos manifestement antisémites », ce qui est jugé « totalement inacceptable », a expliqué par courriel Michel Proulx, directeur des communications de l’Université McGill.
« Nous condamnons avec force et sans réserve ces gestes et ces propos et procéderons incessamment à une enquête », a-t-il ajouté.
Des organisateurs ont toutefois réfuté les accusations d’antisémitisme en soutenant que des étudiants juifs faisaient partie du campement.
INJONCTION CONTRE LE CAMPEMENT
En fin de journée, l’Université a précisé qu’elle tentait de désamorcer la situation avant de faire intervenir la police, mais que l’aide de cette dernière serait demandée si la situation « se dégrade davantage ».
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on entend un responsable de l’Université servir un « avertissement final » aux manifestants.
Une demande d’injonction visant le campement et l’Université doit être déposée aujourd’hui devant la Cour supérieure du Québec par l’avocat Neil Oberman. Ce dernier a dit représenter dix étudiants de l’Université, sans toutefois donner plus de détails.
Le Service de police de Montréal (SPVM) a confirmé au Journal n’avoir reçu aucune demande d’assistance de la part de l’Université pour intervenir auprès du campement.