Un autre mort sur l’autoroute 50
Les proches d’une mère de Lachute décédée samedi lancent un cri du coeur pour améliorer la sécurité
Les proches d’une mère de Lachute décédée samedi lors d’un énième face-à-face mortel sur l’A-50 lancent un véritable cri du coeur pour sécuriser l’autoroute d’ici la fin des travaux d’élargissement, afin d’éviter que d’autres familles ne vivent le même cauchemar qu’eux.
« Ils attendent combien de morts avant de faire quelque chose ? déplore Martin Chénier, le frère de la victime, en étouffant un sanglot. S’il y avait eu un terre-plein ou des blocs de béton entre les voies, comme une autoroute normale, ça ne serait pas arrivé. »
Très tôt samedi matin, Sophie Chénier s’en allait au travail lorsqu’elle a été happée de plein fouet par un véhicule qui a dévié de sa voie en sens inverse sur l’A-50, près de Lachute. De bons samaritains ont tenté de lui venir en aide, selon son frère, mais il était trop tard.
L’autre conducteur a été arrêté pour conduite avec les facultés affaiblies.
L’homme de 35 ans de Sainte-Sophie a été libéré par sommation. La Sûreté du Québec poursuit son enquête.
« Je ne peux pas croire qu’en 2024, des gens conduisent encore avec les facultés affaiblies. Il y a de la sensibilisation, des taxis et tellement de ressources qu’on peut avoir pour ne pas conduire. Il a aussi scrappé sa propre vie », dit Martin Chénier.
AUCUNE CHANCE
Mais le père de famille ne décolère pas en pensant que la configuration de l’autoroute n’a laissé aucune chance à sa soeur, une mère de trois enfants et grand-maman d’une fillette.
« Je suis fâché par les circonstances. C’est une sale autoroute », lance-t-il. Car, dans ce secteur, rien ne sépare les voies à contresens à part des bandes rugueuses.
Depuis décembre seulement, quatre autres personnes ont perdu la vie sur cette même autoroute.
Cela a poussé neuf maires des Laurentides à joindre leurs voix pour réclamer des mesures de sécurité il y a à peine deux semaines.
« On est la famille numéro combien à vivre ça ? On veut être entendu. Que le ministère des Transports vienne nous voir, on va leur raconter notre histoire », renchérit Mélissa Masson, la conjointe de Martin Chénier.
JUSTE AVANT SA FÊTE
La victime allait célébrer son 52e anniversaire mercredi.
« On veut quand même faire sa fête dans les prochains jours… et un hommage en même temps. Elle aimait tellement la vie », confie son frère.
Après avoir perdu son conjoint il y a quelques années en raison d’un cancer, Sophie Chénier venait tout juste de retrouver l’amour.
« Elle emménageait avec lui cet été et elle était tellement heureuse », raconte-t-il en tenant nerveusement un toutou entre ses mains.
Derrière lui, une maison rose de poupées. Il explique que la naissance de sa fille l’avait rapproché de sa soeur dans les dernières années.
« Au moins, on a pu avoir tous ces beaux moments avec elle », ajoute Mélissa Masson.
MÊME UNE CORONER EST DÉCOURAGÉE
La coroner Denyse Langelier avoue sans détour être découragée par toutes les collisions mortelles des derniers mois. Elle explique être présentement en pourparlers avec le MTQ pour « voir ce qui pourrait être fait à très court terme ».
« L’élargissement de l’autoroute [à quatre voies] va venir créer un terre-plein sécuritaire, mais en attendant des glissières de béton ou un câble » pourraient être installés, dit-elle.
D’autant plus qu’elle tente de sonner l’alarme depuis dix ans. (voir encadré)
« Il y a des familles endeuillées. Il y a aussi beaucoup d’accidents avec des blessés graves. On en parle moins, mais c’est tout aussi important pour eux. »
« C’est un dossier important, je ne négligerais rien pour essayer de sauver des vies », promet-elle.
Les travaux d’élargissement et de réaménagement de l’A-50, où l’on retrouve 96 km de voies contiguës, devraient être terminés d’ici 2032, selon le MTQ.