Le Journal de Montreal

Québec accusé de financer la privatisat­ion partielle d’Hydro

Le géant Hitachi Énergie vient d’obtenir de l’État une aide financière de 30 M$

- FRANCIS HALIN

Un syndicat de 6000 employés d’Hydro-Québec estime que Québec « finance la privatisat­ion » de la société d’État en abandonnan­t certaines activités à la multinatio­nale Hitachi, qui reçoit une aide de 30 M$ pour ses projets.

« Hydro-Québec laisse aller ses actifs, dénonce au bout du fil Frédéric Savard, président du Syndicat des employés de métiers d’Hydro-Québec (SEMHQ). On parle du laboratoir­e et des centrales de Saint-Narcisse ainsi que de Métis-sur-Mer où elle ne veut plus mettre d’argent pour les opérer ».

« Ce sont les travailleu­rs qui nous ont annoncé la fermeture. Hydro n’est jamais entrée en contact avec le syndicat. Ça a été un grand manque de respect », ajoute celui qui négocie en ce moment avec son employeur.

Hitachi Énergie a annoncé, hier, un investisse­ment de 140 M$ pour moderniser l’usine de transforma­teurs de Varennes, en exploitati­on depuis 1971, ainsi que ses autres sites montréalai­s.

Les transforma­teurs sont importants en pleine transition énergétiqu­e. Ce sont des pièces stratégiqu­es qui permettent de transporte­r et de distribuer l’électricit­é.

« CONDITIONS CONFIDENTI­ELLES »

Plus tard, le cabinet du ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a annoncé une aide de 30 M$ à Hitachi pour améliorer « son rendement et ses activités tout en gardant cette expertise au Québec », ce qui devrait créer 67 emplois, en plus d’en maintenir 550 chez nous.

« Il s’agit d’un prêt sans intérêt de 30 M$, dont une partie pourrait être pardonnée. Les conditions des interventi­ons financière­s sont toutefois confidenti­elles », a indiqué le porte-parole du ministère de l’Énergie, Jean-Pierre D’Auteuil.

Auparavant, les essais étaient effectués dans l’immense cube rouillé d’Hydro, à Varennes. La société d’État a annoncé hier qu’elle laisserait ses activités de test à Hitachi, qui se dotera de ses propres infrastruc­tures pour les faire.

PAS DE LA PRIVATISAT­ION, DIT HYDRO

Même si le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) est d’avis que ce coup de pouce accordé à Hitachi a l’effet d’un « rouleau compresseu­r sur un pan emblématiq­ue de la Révolution tranquille », Hydro-Québec n’est pas de cet avis.

La société d’État rétorque qu’il ne s’agit « aucunement d’un exemple de privatisat­ion » [souligné dans le texte].

« Hydro-Québec agissait ici comme sous-traitant d’un processus d’essai d’équipement­s qui revient normalemen­t aux fournisseu­rs », explique son porte-parole, Maxence Huard-Lefebvre.

« Ces essais visent à confirmer que les équipement­s d’Hitachi respectent tous les standards de qualité, après quoi Hitachi les livre à ses clients en Amérique du Nord », a-t-il ajouté.

Hydro a rappelé que les essais ne sont pas liés à sa mission de base et qu’Hitachi aura en outre son propre centre de tests.

« Hydro-Québec maintiendr­a ses activités de contrôle d’équipement­s haute-tension jusqu’à l’inaugurati­on des installati­ons d’essai d’Hitachi Énergie Canada. Il n’y aura aucune perte d’emploi associée à cette transition », a-t-il conclu.

Le Journal n’a pas été en mesure, hier, d’obtenir une entrevue avec Hitachi.

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