Le Québec est-il de retour au sommet ?
Le Québec vient de remporter les deux dernières éditions de la Coupe Telus et est champion des quatre derniers tournois de la Coupe Memorial. En plein milieu d’une crise sur son développement, le hockey au Québec est-il en train de se sortir la tête de l’eau ? Analyse.
Établissons tout d’abord un fait indéniable : la victoire des Cantonniers de Magog en finale de la Coupe Telus, dimanche, est digne de mention. L’équipe de Samuel Collard a mis le point d’exclamation à un parcours tout simplement dominant lors duquel elle a remporté chacune de ses sept parties. Elle a été un véritable rouleau compresseur et a battu à deux reprises, dont en finale, les redoutables Wheat Kings de Brandon, qui avaient remporté 43 de leurs 44 matchs cette saison.
Les Cantonniers ont été l’équipe M18 AAA la plus dominante au pays, point barre.
La Ligue de hockey M18 AAA du Québec n’avait pas gagné de titre canadien depuis 2001 et voilà maintenant qu’elle est double championne en titre.
Le directeur général de la Ligue de hockey M18 AAA du Québec, Yanick Gagné, se réjouit évidemment de ce retour en force du Québec sur la scène nationale, mais ne croit pas que le bilan était aussi catastrophique que les apparences le laissaient présumer. Après tout, avant de gagner deux ans de suite, le Québec avait participé à la finale canadienne au cours de sept des neuf derniers tournois.
« La qualité de nos équipes a toujours été là. Je dirais que certaines d’entre elles ont fait preuve de malchance à quelques reprises dans les dernières années. »
DEUX CHOSES DISTINCTES
Le Québec est-il donc de retour au sommet ?
Aussi impressionnant que soit le parcours des Cantonniers, il ne faut pas mélanger titre national avec réussite sur le plan du développement individuel au Québec, nous ont mis en garde quelques intervenants consultés.
C’est la même chose dans la LHJMQ : ce n’est pas parce que le circuit Cecchini a remporté les quatre derniers tournois de la Coupe Memorial que le Québec est maintenant l’exemple pancanadien en matière de développement et que, bientôt, le nombre de Québécois dans la LNH va décupler.
Les Remparts ont offert une quatrième Coupe Memorial de suite à la LHJMQ en 2023, tout juste avant que le circuit ne connaisse la pire récolte de son histoire au repêchage de la LNH avec 12 joueurs sélectionnés, dont seulement cinq Québécois.
La cuvée 2024 ne s’annonce pas bien meilleure, selon les dépisteurs qui la couvrent.
ET LA STRUCTURE INTÉGRÉE ?
Pour certains, les deux derniers gains à la Coupe Telus démontrent que le système de structure intégrée, qui fait en sorte que les joueurs considérés comme d’élite sont regroupés dès les âges de 11 et 12 ans, fonctionne.
Tout le monde n’est pas de cet avis. Sur le plan collectif, c’est possiblement vrai, nous dit-on, puisque les jeunes jouent ensemble depuis longtemps et sont rapidement familiarisés avec les différents concepts et systèmes de jeu. Il s’agit là d’un avantage sur certaines autres provinces où l’accent est mis, à un jeune âge, davantage sur les habiletés individuelles que sur les systèmes de jeu.
Mais, sur le plan individuel, de nombreux doutes subsistent sur la pertinence d’établir « l’élite » à un âge où la maturité physique et psychologique est encore loin d’être atteinte, une pratique qui laisse peu de place aux joueurs qui se développent sur le tard, déplorent les réfractaires aux structures intégrées.
LE DÉVELOPPEMENT À L’AVANT-PLAN
Directeur au développement hockey de la Ligue M18 AAA, Marc-André Dumont n’est pas impliqué dans le développement à un jeune âge au Québec. Ce qu’il sait, par contre, c’est que les finalistes de la Coupe Telus de 2022 et de 2023, les Cantonniers de Magog et les Gaulois de Saint-Hyacinthe, ainsi que les champions de 2023 et de 2024, le Blizzard du Séminaire Saint-François et les Cantonniers, avaient tous un point en commun : l’attention portée au développement.
« Ce sont quatre équipes qui ont mis l’accent sur le développement en faisant jouer tout le monde autant en avantage numérique qu’en désavantage numérique en première moitié de saison. Stéphane Robidas était arrivé avec ça il y a quelques années et c’est une tendance de plus en plus forte dans notre ligue », mentionne celui qui a notamment pour mandat d’épauler les entraîneurs de la ligue.