Le Journal de Montreal

La LNH doit s’adapter, et vite

- Renaud.lavoie @tva.ca

La chronique suivante n’obtiendra aucun appui de la part des dirigeants actuels de la LNH, de ses entraîneur­s et fort probableme­nt d’une majorité de ses joueurs. La culture du secret est enracinée depuis des décennies et personne n’a l’intention de faire quoi que ce soit pour que ça change, à moins de convaincre tout ce beau monde qu’ils pourraient sérieuseme­nt s’en mettre encore plus dans les poches s’ils laissaient tomber l’omertà qui existe dans cette ligue.

De quelle omertà parle-t-on ici ? Celle des blessures qu’on refuse de dévoiler afin de « protéger » les joueurs, mais qui fait en sorte que cette loi du silence refroidit sérieuseme­nt les ardeurs de ceux qui parient sur les matchs de la LNH parce qu’ils n’ont pas les informatio­ns nécessaire­s pour « gambler ».

Et il y a une sérieuse corrélatio­n à faire entre les revenus d’une ligue profession­nelle et le pourcentag­e de gens qui parient. Parce que plus les gens s’intéressen­t à votre ligue, plus il y a des gens qui regardent les matchs, plus les revenus provenant des diffuseurs seront importants, et on parle ici du pain et du beurre des sports profession­nels.

Ce n’est évidemment pas au Canada que le hockey a besoin de gagner des parts de marché par rapport aux autres ligues. C’est réellement aux États-Unis que la LNH a besoin de gagner en popularité alors qu’elle tire sérieuseme­nt de la patte par rapport à la NFL, la MLB et la NBA.

Parmi les gens qui misent sur des matchs aux États-Unis, 86 % d’entre eux le font sur des matchs de la NFL, 54 % sur la NBA, 44 % sur la MLB et seulement 26 % sur la LNH.

Les revenus annuels des ligues profession­nelles sont les suivants : 12 milliards de dollars pour la NFL, 10,6 milliards pour la NBA, 11,6 milliards pour la MLB et « seulement » 6,4 milliards pour la LNH.

LES RÈGLES DIFFÈRENT

La NFL a compris depuis longtemps que le « gambling » faisait partie intégrante de ses succès. C’est pour cette raison qu’elle force depuis longtemps les équipes à divulguer en temps réels la nature d’une blessure d’un joueur, et ce, même si la blessure survient en plein milieu d’un match. Non seulement l’équipe doit dire s’il y a une chance ou non que le joueur revienne au jeu, mais en plus elle est forcée de dire l’endroit exact où le joueur est blessé.

C’est comme ça même en série, en passant. La preuve, Patrick Mahomes s’était blessé à une cheville en série contre les Jaguars, et après la rencontre on savait déjà qu’il souffrait d’une entorse à la cheville.

Dans la NBA, on s’est aussi adapté, et maintenant les équipes doivent dévoiler la nature des blessures de chaque joueur et dire s’ils seront en mesure de jouer ou non. Ils doivent l’annoncer au reste du monde avant 17 h chaque jour de match.

Dans la MLB, qui n’est évidemment pas un sport de contact, chaque joueur blessé doit être placé sur une liste d’absence de 7 jours, 10 jours, 30 jours ou 60 jours, et il faut aussi clairement indiquer pourquoi le joueur n’est plus disponible.

Dans la LNH, il n’y a aucune règle. La ligue n’impose aucun règlement à ses équipes, qui n’ont pas besoin d’informer qui que ce soit sur la nature de la blessure d’un joueur ni sur la durée de son absence.

On se cache derrière toutes sortes d’excuses, comme le fait que les joueurs ont droit au secret médical (juste ceux de la LNH, évidemment), que c’est un sport de contact (pas la NFL ni la NBA, j’imagine) et que les joueurs qui reviennent d’une blessure sont souvent visés par les joueurs adverses. Même pas besoin de dire à qui que ce soit qui sera le gardien le soir même. Du grand n’importe quoi.

MES AMIS, OUI, MAIS PAS VOUS

La réalité est malheureus­ement la suivante : un dirigeant d’une équipe, un entraîneur ou un joueur peut dire à qui il veut, même un ami qui joue dans une autre équipe, pourquoi William Nylander a raté les trois premiers matchs de la série face aux Bruins. Mais le grand public, lui, n’a pas droit à ce luxe, évidemment.

Et tant et aussi longtemps que la LNH va continuer à jouer à l’autruche, elle va continuer à perdre beaucoup en crédibilit­é. Et sans crédibilit­é, les gens ne gageront pas sur le hockey, et la LNH va continuer de traîner de la patte avec ses revenus télévisuel­s parce qu’il n’y a pas assez de gens qui regardent. 1+1=2,non?

Il est donc grand temps que la LNH se mette à jour, mais ne rêvons pas, c’est comme le retour des Nordiques… la preuve que 1 + 1 n’égale pas toujours 2.

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PHOTO AFP William Nylander a effectué son retour au jeu lors du quatrième match de la série face aux Bruins.

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