Le Journal de Montreal

Pluie et boue s’invitent au campement

Les manifestan­ts du campus de McGill se préparent à affronter les policiers qui pourraient intervenir

- OLIVIER FAUCHER

Le campement propalesti­nien du campus de l’Université McGill a été transformé en bain de boue par la pluie hier, ce qui n’empêchera pas ses militants d’affronter un démantèlem­ent imminent par la police.

Dame Nature est venue compliquer la vie dans le campement où environ 80 tentes étaient toujours installées sur un terrain gazonné du campus de l’université montréalai­se.

Selon Environnem­ent Canada, au moins une vingtaine de millimètre­s de pluie s’est abattue sur la métropole hier.

« Ça pose un défi pour nous. Il y a beaucoup de flaques d’eau et de boue », a fait savoir un organisate­ur, Ali Salman.

Un appel « d’urgence » pour fournir divers équipement­s a été lancé par une associatio­n étudiante sur les réseaux sociaux pour aider le campement à passer à travers la pluie. Sur place, des militants ont installé tant bien que mal des bâches et quelques abris portatifs pour s’agglutiner en dessous, tout en enfilant des ponchos.

Le sol à l’intérieur du camp est toutefois devenu un véritable bain de boue, si bien que les organisate­urs tentaient de le recouvrir avec des planches de bois et des tapis de caoutchouc pour continuer de s’y déplacer.

PAS COMPARABLE À LA PALESTINE

M. Salman se disait toutefois en confiance que les campeurs étaient prêts à rester et à passer la nuit, peu importe la météo.

« Les conditions dans lesquelles on vit, c’est très minime [sic] par rapport à ce qui se passe en Palestine », a résumé une étudiante qui a passé les trois nuits précédente­s au campement. Elle a refusé de donner son nom, comme la grande majorité des participan­ts du campement.

Les manifestan­ts semblaient avoir triomphé face à la mauvaise météo en fin de soirée, alors que la pluie avait cessé.

De petites tranchées pour drainer l’eau entre les tentes ont été creusées et la vie avait repris à l’intérieur de la zone barricadée où des dizaines de personnes étaient visibles.

DEMANDE D’INJONCTION

Les militants avaient passé le début de la journée à se préparer à un tout autre défi : celui de résister à une interventi­on imminente des forces policières.

La décision concernant une demande d’injonction déposée par deux étudiants visant le campement de l’Université McGill, déposée hier à la Cour supérieure, devrait être rendue ce matin.

Celle-ci vise à interdire à des regroupeme­nts propalesti­niens qu’ils accusent d’avoir créé un climat « dangereux, hostile et violent » de manifester à moins de 100 mètres des bâtiments universita­ires de McGill.

Hier, l’administra­tion de l’université montréalai­se a informé ses étudiants qu’elle avait fait appel au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour démanteler le campement qui est érigé depuis quatre jours.

DIALOGUE IMPOSSIBLE

L’administra­tion a dit avoir tout tenté, incluant le dialogue avec les manifestan­ts, mais a constaté l’« absence d’une résolution ». « Le but, c’est qu’on protège, qu’on garde nos barricades et qu’on ne laisse pas les policiers entrer », a réagi Ari Naham, porte-parole de Voix juives indépendan­tes Concordia, un des organismes qui ont érigé le campement.

Or, les heures ont passé sans qu’un seul policier soit visible dans le secteur.

Hier, le SPVM indiquait toujours évaluer ses options, en « préconisan­t un dénouement pacifique ».

NEW YORK | (AFP) La police de New York est intervenue hier soir sur le campus de l’Université Columbia pour y déloger des étudiants et militants propalesti­niens barricadés depuis la nuit précédente dans un bâtiment.

Un camion de police avec une échelle s’est approché du bâtiment occupé et la presse a pu voir des dizaines de policiers en tenue antiémeute grimper pour atteindre une fenêtre afin de pénétrer dans le Hamilton Hall, où sont retranchée­s des dizaines de personnes depuis la nuit de lundi à hier.

Les forces de l’ordre sont entrées vers 21 h 30 sur l’immense campus de cette grande université du nord de Manhattan, épicentre d’un mouvement national aux États-Unis en soutien à la cause palestinie­nne et contre la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza contre le Hamas.

Sur leur compte Instagram, les manifestan­ts du groupe propalesti­nien Columbia University Apartheid Divest ont dénoncé une « invasion » du campus par les forces de l’ordre afin de les déloger du Hamilton Hall qu’ils ont renommé « Hind’s Hall » en hommage à une fillette de six ans tuée à Gaza.

PLUSIEURS ARRESTATIO­NS

Dénonçant hier une « escalade », le porte-parole de Columbia Ben Chang avait menacé d’expulser et de « renvoyer » de l’université ces étudiants en les accusant de « vandaliser, casser et bloquer les accès » du bâtiment.

Des images de télévision montraient des dizaines de personnes interpellé­es et des journalist­es de l’AFP ont vu aussi des manifestan­ts à l’extérieur de l’immense campus être arrêtés pendant que la foule criait « Palestine libre ! ».

La présidente de l’Université Columbia a demandé dans une lettre à la police de New York, rendue publique mardi, de maintenir sa présence sur le campus « au moins jusqu’au 17 mai 2024 ». Cette présence a pour but « de maintenir l’ordre et de s’assurer qu’aucun campement ne soit établi », a écrit la présidente Minouche Shafik.

La colère étudiante américaine se propage depuis deux semaines, des grandes université­s de la côte est à celles de la Californie en passant par le sud et le centre, rappelant les manifestat­ions contre la guerre du Vietnam à la fin des années 1960.

ACCORD

Un autre campus d’élite du nord-est, Brown University à Providence dans le Rhode Island, a annoncé un accord avec les étudiants : démantèlem­ent du campement contre un vote de l’université en octobre sur d’éventuels « désinvesti­ssements de “sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza” ».

L’étudiant Leo Corzo-Clark a sauté de joie pour cette « énorme victoire pour ce mouvement internatio­nal et le peuple de Palestine ».

 ?? ?? 3 3. Les campeurs ont dû creuser un système de drainage en raison des précipitat­ions qui ont gorgé d’eau le terrain gazonné du campus de l’université montréalai­se.
3 3. Les campeurs ont dû creuser un système de drainage en raison des précipitat­ions qui ont gorgé d’eau le terrain gazonné du campus de l’université montréalai­se.
 ?? PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN, OLIVIER FAUCHER ET AFP ?? 1 1. Les manifestan­ts du campement à l’Université McGill ont passé la journée sous la pluie hier, alors qu’une menace de démantèlem­ent planait sur eux.
PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN, OLIVIER FAUCHER ET AFP 1 1. Les manifestan­ts du campement à l’Université McGill ont passé la journée sous la pluie hier, alors qu’une menace de démantèlem­ent planait sur eux.
 ?? ?? 2 2. Les esprits se sont échauffés un peu, alors qu’un contre-manifestan­t pro-Israël a enguirland­é les campeurs.
2 2. Les esprits se sont échauffés un peu, alors qu’un contre-manifestan­t pro-Israël a enguirland­é les campeurs.
 ?? ??
 ?? ??
 ?? PHOTOS AFP ?? 1. Des agents du NYPD en tenue antiémeute font irruption dans un bâtiment de l’Université Columbia, où des étudiants propalesti­niens sont barricadés. 2. Un important déploiemen­t policier sur le campus de l’Université Columbia avait lieu hier soir. 3. Des agents du NYPD ont arrêté certains étudiants.
PHOTOS AFP 1. Des agents du NYPD en tenue antiémeute font irruption dans un bâtiment de l’Université Columbia, où des étudiants propalesti­niens sont barricadés. 2. Un important déploiemen­t policier sur le campus de l’Université Columbia avait lieu hier soir. 3. Des agents du NYPD ont arrêté certains étudiants.

Newspapers in French

Newspapers from Canada