Poilievre est expulsé après avoir traité Trudeau de cinglé
Les deux chefs se sont invectivés dans un duel digne des chicanes de garderies
Pierre Poilievre a été expulsé de la Chambre des communes, hier, après avoir employé à répétition le terme « cinglé » pour décrire Justin Trudeau et la politique des libéraux sur les drogues dures.
Les députés conservateurs ont décidé de suivre leur chef en prenant congé de la Chambre en bloc, révoltés par la décision du président Greg Fergus.
M. Fergus a demandé à cinq reprises à Pierre Poilievre de « simplement » retirer l’expression « wacko » (mieux traduite par « cinglé ») dont il s’est servi pour parler d’un « premier ministre cinglé » qui met en place des « politiques cinglées ».
Plutôt que de « simplement retirer » le terme « wacko », M. Poilievre a préféré le remplacer par « extrémiste ».
La manoeuvre n’a pas satisfait M. Fergus, qui l’a expulsé pour ne pas avoir respecté l’autorité du président.
Selon la Bibliothèque du Parlement, c’est la première fois qu’un chef de l’opposition officielle est expulsé du Parlement.
À l’ouverture de la période des questions, Pierre Poilievre a dénoncé les politiques « extrêmes et radicales » du gouvernement sur les drogues dures en Colombie-Britannique, actuellement au coeur d’une controverse.
TRUDEAU EN REMET…
Dans sa réponse, Justin Trudeau a préféré répliquer en accusant M. Poilievre de « solliciter activement » l’appui des groupes « d’extrême droite » et de « suprémacistes blancs ».
M. Trudeau demandait à son opposant de se dissocier et de condamner le groupuscule d’extrême droite « Diagolon », associé aux manifestants contre la taxe carbone rencontrés par M. Poilievre au Nouveau-Brunswick la semaine dernière.
« Monsieur le président, je condamne toujours l’extrémisme et le racisme, incluant lorsque ça vient du gars qui a passé la première moitié de sa vie adulte en tant que raciste pratiquant […] », a répliqué M. Poilievre en référence au blackface et aux « costumes racistes » de Justin Trudeau.
« Monsieur le président, je me permets de vous féliciter pour avoir fait preuve de gros bon sens », a blagué Yves-François Blanchet après l’expulsion de Poilievre, faisant sien le slogan du Parti conservateur.
« On a vu aujourd’hui M. Poilievre pour qui il est, s’est quant à lui choqué le leader parlementaire du NPD, Peter Julian. On a déjà vu qu’il voulait brûler les services, il voulait brûler la Constitution et aujourd’hui il veut brûler le Parlement. Pierre Poilievre est un pyromane », a dit M. Julian.
… ET POILIEVRE EN REMET
Quelques minutes après son expulsion, Poilievre en rajoutait sur son compte X.
« Six personnes qui meurent d’overdose chaque jour en Colombie-Britannique, c’est cinglé. Les enfants qui jouent à côté de seringues usagées, c’est cinglé. Des infirmières qui s’inquiètent de ne pas pouvoir allaiter après avoir respiré des vapeurs de drogues toxiques, c’est cinglé. C’est une politique cinglée d’un premier ministre cinglé qui détruit des vies », écrit-il.
Le Parti conservateur a aussi lancé dans l’heure une campagne de financement dénonçant l’expulsion de son chef.