Il prétend la légitime défense
L’homme de 29 ans soutient qu’il n’a jamais voulu tuer son meilleur ami
Un homme de Terrebonne accusé du meurtre de son meilleur ami pour une histoire de triangle amoureux prétend avoir agi en légitime défense lorsque sa victime l’aurait attaqué avec un couteau, une thèse réfutée par la Couronne.
« Tout ça, ce n’était pas prévu. La situation a dégénéré et a dérapé d’une façon dont il ne pouvait pas s’attendre. […] Pour la défense, il y a une chose qui est claire : Simon Décarie n’a jamais voulu tuer son meilleur ami », a fait valoir Me Anne-Marie Campeau, hier, au jury.
Elle réclame l’acquittement de Simon Décarie ou, à tout le moins, qu’il soit reconnu coupable d’homicide involontaire. L’homme de 29 ans est accusé du meurtre prémédité de Maxime Villeneuve.
Le 6 octobre 2021, l’entrepreneur passait « une soirée tranquille chez lui » avec sa nouvelle fréquentation quand il a reçu un texto de son meilleur ami lui demandant pardon. Maxime Villeneuve venait de commencer à fréquenter son ex-copine, Maïté Hébert.
L’accusé s’est rendu chez son ami des 15 dernières années, à Blainville, pour obtenir des explications et pour jaser, selon la défense. Or, Décarie aurait plutôt reçu un accueil « des plus surprenants ».
S’EST SENTI ATTAQUÉ
Maxime Villeneuve aurait ouvert la porte en pointant le canon d’une carabine vers lui. Décarie, intoxiqué par l’alcool et le haschich, aurait réussi à s’emparer de l’arme en se bagarrant.
« Les choses dégénèrent rapidement. Simon s’est senti attaqué. Il a uniquement tiré sur Maxime Villeneuve quand celui-ci s’est approché avec le couteau. Il a réagi instinctivement », a résumé Me Campeau en plaidant la légitime défense.
Mais cette version de l’histoire repose uniquement sur la version de l’accusé. Le jury devra donc déterminer s’il le croit ou non.
Pour la poursuite, le témoignage de Décarie ne tient pas la route. Le colocataire de la victime n’avait jamais vu d’arme à feu, d’étui ou même de munitions, a rappelé le procureur de la Couronne, Me Steve D. Fontaine.
« Des policiers ont passé 8 heures à scruter l’appartement et n’ont vu aucune munition ni étui d’arme », a poursuivi Me Fontaine.
CIGARETTE ENTRE LES DOIGTS
Le procureur a mis en lumière un détail important : la victime a été retrouvée inanimée par les policiers avec une cigarette grillée encore entre les doigts.
« Comment Maxime Villeneuve aurait ouvert la porte, aurait crinqué la carabine, il se serait battu… toujours avec la cigarette dans les mains ? » a-t-il demandé.
Le mobile du meurtre « est tellement simple », estime Me Fontaine : « Maïté Hébert ne peut pas être avec un autre homme que lui ».
Les textos présentés au procès avaient pour but de montrer une gradation du contrôle de Décarie sur elle. La jeune femme se sentait harcelée depuis des mois par son ex.
Me Fontaine a terminé ses plaidoiries en relisant des textos envoyés par Décarie dans les instants après le meurtre.
« J’ai fait ce que j’avais à faire », a-t-il écrit à deux amis.
À son ex, il a envoyé : « Tu as un meurtre sur le dos ».