Le Journal de Montreal

Terrifiées par ce proxénète

Elles craignent la sortie de prison de celui qui les a battues

- VALÉRIE GONTHIER

Coups de poing au visage, menaces à la pointe d’une arme à feu, côtes fracturées : même si elles sont sorties du joug d’un proxénète violent depuis plus de 15 ans, deux victimes craignent sa sortie de prison.

« J’ai toujours extrêmemen­t peur d’une récidive envers moi, de subir à nouveau sa violence », a lancé Marie-Michelle Desmeules, 43 ans, une victime de Josué Jean.

Celle qui avait déjà fait lever l’ordonnance de non-publicatio­n protégeant son identité a supplié la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada de garder le proxénète derrière les barreaux.

L’homme aujourd’hui âgé de 46 ans est admissible à une semi-liberté.

Il a été condamné en 2019 à huit ans de détention pour avoir maintenu sous son emprise Mme Desmeules ainsi qu’une autre femme qu’on ne peut nommer, de 2002 à 2009.

L’autre victime avait à peine 18 ans lorsque les sévices ont débuté.

« J’ai la certitude qu’il va vouloir se venger parce qu’il m’a mentionné à plusieurs reprises que si je le dénonçais, il me tuerait, et ma famille aussi », a-t-elle témoigné.

IL NE RECONNAÎT PAS LES FAITS

Josué Jean s’est même montré irrité à l’audience lorsque questionné sur ces crimes. « [Les faits], je ne les reconnais pas, que ce soit aujourd’hui, dans cinq ans ou dans dix ans », a-t-il lancé.

Selon lui, ses victimes étaient consentant­es à se prostituer et à partager l’argent.

Pourtant, Jean leur a fait subir des sévices violents et dégradants, en les battant et les menaçant. Une a déjà eu une arme à feu pointée à la tête, a été brûlée par une cigarette, poussée dans les escaliers.

L’autre a été jetée en bas d’une voiture

et a déjà dû se rendre à l’hôpital. Les deux ont dû se faire tatouer son nom.

« Pourquoi avoir été condamné à une peine de détention si vous n’avez rien fait ? » a questionné un des commissair­es.

Josué Jean a alors clamé l’erreur judiciaire.

S’il a de l’empathie pour les victimes d’exploitati­on sexuelle de façon générale, il n’en a pas pour celles qui l’ont envoyé en prison.

DEUXIÈME TENTATIVE

L’homme en est à sa deuxième tentative d’obtenir une semi-liberté.

Cela lui avait été refusé en 2022, considéran­t son absence de remords.

Selon lui, il n’y a aucune chance qu’il récidive puisque même au moment de son arrestatio­n, il y a près de dix ans, il s’était déjà éloigné de son mode de vie criminel.

Il est aussi d’avis que des conditions plus restrictiv­es concernant ses communicat­ions, ses finances ou ses fréquentat­ions à sa sortie de détention ne sont pas nécessaire­s.

Or, si son parcours carcéral a toujours été sans tache, il se serait récemment mis dans le trouble pour une affaire de contreband­e, impliquant vraisembla­blement des livraisons par drone. Josué Jean a nié avoir fait quelque chose d’illégal.

Sa libération d’office aux deux tiers de sa peine est prévue pour l’automne prochain.

Les commissair­es Micheline Beaubien et Evans Bédard ont pris la décision en délibéré.

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CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE BADOO ET PHOTO D’ARCHIVES Josué Jean ne reconnaît toujours pas avoir abusé des deux femmes.
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Victime MARIE-MICHELLE DESMEULES

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