Grief contre une promotion donnée au ministre Duclos
Le syndicat des professeurs de l’Université Laval prétend qu’il y a eu du favoritisme
OTTAWA | Le syndicat des professeurs de l’Université Laval accuse l’institution de favoritisme après avoir offert une promotion au ministre fédéral Jean-Yves Duclos, malgré des années d’absence comme enseignant. Un grief a été déposé.
L’Université a discrètement nommé, le 30 octobre dernier, le ministre de l’Approvisionnement à un poste d’adjoint au vice-recteur aux ressources humaines et aux finances.
La promotion n’a pas passé auprès du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL), qui y voit une façon détournée de protéger le lien d’emploi avec le professeur devenu ministre.
« Après tous ces congés, il devait soit donner sa démission comme professeur, soit revenir à l’emploi », soutient la présidente du SPUL par courriel, Marie-Hélène Parizeau.
NOMINATION « FICTIVE », SELON LE SPUL
Dans un grief daté du 28 novembre et dont Le Journal a obtenu copie, le SPUL qualifie de « fictive » la nomination du député de Québec dans un poste « sans tâche à réaliser » et « aucun mandat à réel », dont le «seul objectif» serait de protéger un éventuel retour à son poste d’enseignant à l’Université, en contravention avec les règles en vigueur.
Selon la convention collective, un professeur peut prendre congé sans solde tout en conservant son poste à l’Université durant un maximum de deux mandats, en plus d’un prolongement d’un an.
Élu pour la première fois en 2015 et réélu en 2019 et 2021, M. Duclos avait donc épuisé toutes ses options pour justifier son congé sans solde, selon le syndicat.
La nomination de l’automne dernier à un poste d’administrateur lui permet de contourner la convention collective, selon le SPUL.
« Les agissements de l’Employeur sont déraisonnables et abusifs, lit-on dans le grief syndical. Ils visent à accorder des avantages supérieurs à un professeur ainsi que le bénéfice de la protection du lien d’emploi par des actions faussées, fictives et détournées. »
Selon la présidente du SPUL, la faculté dont dépend le professeur Duclos est privée d’un poste d’enseignant en attendant un éventuel retour.
Le mandat d’adjoint au vice-recteur du ministre Jean-Yves Duclos a débuté rétroactivement le 21 septembre 2023 et se termine en principe le 30 juin 2027. Grâce à cette nomination, son lien d’emploi est protégé durant cette période.
QUESTIONS SANS RÉPONSES
Dans un courriel laconique, la direction de l’Université Laval soutient avoir procédé à la désignation du ministre Duclos « en toute transparence ».
Les questions du Journal concernant la nature du poste offert et des tâches à accomplir sont restées lettre morte.
Dans une déclaration transmise au Journal, le ministre Duclos a réitéré son intention de solliciter un quatrième mandat lors des prochaines élections fédérales, sans toutefois commenter les allégations de favoritisme du syndicat.
M. Duclos n’a pas non plus offert d’explication sur la nature de son nouveau poste d’administrateur. « Comme il se produit régulièrement pour des élus issus du milieu universitaire, j’ai pris un congé sans solde de l’Université Laval lors de mon élection comme député en 2015, explique M. Duclos par courriel. Ce congé sans solde a été pris selon les normes des conventions collectives et les règles de l’Université Laval. »