Le Journal de Montreal

Guerre Israël-Hamas : l’heure de vérité approche

- normand.lester@quebecorme­dia.com

L’opposition au soutien que les États-Unis apportent à Israël dans sa guerre à Gaza prend de l’ampleur. Commencé sur les campus universita­ires, le mécontente­ment gagne maintenant l’administra­tion américaine.

Dans une lettre adressée au procureur général Merrick Garland obtenue par le site POLITICO, 90 avocats dont

20 de l’administra­tion Biden affirment qu’Israël a violé la loi américaine sur le contrôle des exportatio­ns d’armes et les convention­s de Genève.

Ils demandent au président de suspendre l’aide militaire à Israël à cause de la brutalité de son interventi­on à Gaza. Parmi eux figurent des avocats des départemen­ts d’État, de la Sécurité intérieure, de la Justice, du Travail et de l’Énergie. La lettre circule toujours, le nombre de signatures va donc augmenter.

La lettre rappelle à Garland que la majorité des Américains, selon de récents sondages, estiment que les États-Unis devraient cesser leurs livraisons d’armes à Israël jusqu’à ce qu’il arrête ses opérations militaires à Gaza.

WASHINGTON VIOLE SES PROPRES LOIS

Israël était tenu de garantir à Washington qu’il n’utiliserai­t pas les armes fournies par les États-Unis pour violer le droit internatio­nal ou bloquer les expédition­s d’aide aux Palestinie­ns : « … le gouverneme­nt américain viole ses propres lois et politiques », a déclaré à POLITICO un avocat du ministère de la Justice qui a signé la lettre.

Malgré les mises en garde répétées de l’administra­tion Biden, le premier ministre israélien Nétanyahou répète qu’Israël va envahir la ville de Rafah, où se sont réfugiés plus d’un million de Palestinie­ns fuyant les combats. Ajoutant même qu’il ordonnerai­t l’attaque qu’un accord de trêve pour les otages ait été conclu ou pas et qu’Israël n’acceptera pas un retrait complet de Gaza. Des pourparler­s de cessez-le-feu et de libération des otages sont pourtant engagés avec la médiation d’autres intervenan­ts entre Israël et le Hamas.

Nétanyahou a déclaré que ses forces avaient commencé à évacuer les Palestinie­ns de Rafah en préparatio­n à la prochaine offensive.

MANDAT D’ARRÊT CONTRE NÉTANYAHOU

Selon le site internet israélien Ynet du premier quotidien du pays, Yedioth Ahronoth, des avocats d’Israël auprès de la Cour pénale internatio­nale (CPI) de La Haye croient que des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens ont été lancés en secret. Les avocats d’Israël craignent que les responsabl­es israéliens ne découvrent l’existence des mandats d’arrêt qu’à leur arrivée dans un pays européen.

De son côté, le journal israélien Maariv rapporte que Nétanyahou est « effrayé et inhabituel­lement stressé » par la possibilit­é d’un mandat d’arrêt internatio­nal imminent contre lui. Le journal écrit que les responsabl­es israéliens comptent sur les États-Unis pour entraver toute action de la Cour pénale internatio­nale. Washington a déjà déclaré que la CPI n’avait pas juridictio­n pour poursuivre les dirigeants israéliens.

À la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud devant la CIJ, Israël fait aussi face à des accusation­s de génocide pour son interventi­on à Gaza.

La guerre y a tué plus de 34 500 Palestinie­ns, dont une majorité de femmes et d’enfants.

LES ÉTATS-UNIS DEVANT LA CPI

Des élus républicai­ns et démocrates au Congrès se sont engagés à prendre des mesures punitives contre la CPI si elle poursuivai­t des responsabl­es israéliens.

Selon le site d’informatio­n Axios, des membres du Congrès envisagent de faire adopter une législatio­n sanctionna­nt la CPI, tandis que d’autres voudraient que Washington se retire du Statut de Rome, sur lequel la Cour a été créée.

Ils craignent sans doute que les États-Unis soient eux aussi au banc des accusés.

Comme les dirigeants américains ont fourni armes, munitions et renseignem­ents opérationn­els aux Israéliens à Gaza, ils pourraient être les prochains à être en procès devant la CPI.

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