Guerre Israël-Hamas : l’heure de vérité approche
L’opposition au soutien que les États-Unis apportent à Israël dans sa guerre à Gaza prend de l’ampleur. Commencé sur les campus universitaires, le mécontentement gagne maintenant l’administration américaine.
Dans une lettre adressée au procureur général Merrick Garland obtenue par le site POLITICO, 90 avocats dont
20 de l’administration Biden affirment qu’Israël a violé la loi américaine sur le contrôle des exportations d’armes et les conventions de Genève.
Ils demandent au président de suspendre l’aide militaire à Israël à cause de la brutalité de son intervention à Gaza. Parmi eux figurent des avocats des départements d’État, de la Sécurité intérieure, de la Justice, du Travail et de l’Énergie. La lettre circule toujours, le nombre de signatures va donc augmenter.
La lettre rappelle à Garland que la majorité des Américains, selon de récents sondages, estiment que les États-Unis devraient cesser leurs livraisons d’armes à Israël jusqu’à ce qu’il arrête ses opérations militaires à Gaza.
WASHINGTON VIOLE SES PROPRES LOIS
Israël était tenu de garantir à Washington qu’il n’utiliserait pas les armes fournies par les États-Unis pour violer le droit international ou bloquer les expéditions d’aide aux Palestiniens : « … le gouvernement américain viole ses propres lois et politiques », a déclaré à POLITICO un avocat du ministère de la Justice qui a signé la lettre.
Malgré les mises en garde répétées de l’administration Biden, le premier ministre israélien Nétanyahou répète qu’Israël va envahir la ville de Rafah, où se sont réfugiés plus d’un million de Palestiniens fuyant les combats. Ajoutant même qu’il ordonnerait l’attaque qu’un accord de trêve pour les otages ait été conclu ou pas et qu’Israël n’acceptera pas un retrait complet de Gaza. Des pourparlers de cessez-le-feu et de libération des otages sont pourtant engagés avec la médiation d’autres intervenants entre Israël et le Hamas.
Nétanyahou a déclaré que ses forces avaient commencé à évacuer les Palestiniens de Rafah en préparation à la prochaine offensive.
MANDAT D’ARRÊT CONTRE NÉTANYAHOU
Selon le site internet israélien Ynet du premier quotidien du pays, Yedioth Ahronoth, des avocats d’Israël auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye croient que des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens ont été lancés en secret. Les avocats d’Israël craignent que les responsables israéliens ne découvrent l’existence des mandats d’arrêt qu’à leur arrivée dans un pays européen.
De son côté, le journal israélien Maariv rapporte que Nétanyahou est « effrayé et inhabituellement stressé » par la possibilité d’un mandat d’arrêt international imminent contre lui. Le journal écrit que les responsables israéliens comptent sur les États-Unis pour entraver toute action de la Cour pénale internationale. Washington a déjà déclaré que la CPI n’avait pas juridiction pour poursuivre les dirigeants israéliens.
À la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud devant la CIJ, Israël fait aussi face à des accusations de génocide pour son intervention à Gaza.
La guerre y a tué plus de 34 500 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants.
LES ÉTATS-UNIS DEVANT LA CPI
Des élus républicains et démocrates au Congrès se sont engagés à prendre des mesures punitives contre la CPI si elle poursuivait des responsables israéliens.
Selon le site d’information Axios, des membres du Congrès envisagent de faire adopter une législation sanctionnant la CPI, tandis que d’autres voudraient que Washington se retire du Statut de Rome, sur lequel la Cour a été créée.
Ils craignent sans doute que les États-Unis soient eux aussi au banc des accusés.
Comme les dirigeants américains ont fourni armes, munitions et renseignements opérationnels aux Israéliens à Gaza, ils pourraient être les prochains à être en procès devant la CPI.