Manon et Françoise doivent être découragées
Le départ de la co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien est un coup dur pour QS qui peine à trouver sa voix depuis les dernières élections.
Que l’on partage ou non ses convictions, Émilise Lessard-Therrien voulait changer le Québec, donner une voix aux régions. Elle faisait de la politique pour les bonnes raisons. Qu’elle jette l’éponge après seulement 5 mois m’attriste.
BLÂMER GND ?
Certains diront que c’est à cause de Gabriel Nadeau-Dubois. Je ne doute aucunement qu’il puisse y avoir eu des tensions ou que Mme Lessard-Therrien se soit sentie bien seule, mais de jeter uniquement le blâme sur GND serait faire fi de la complexité de la situation.
IL Y A FAUSSEMENT DEUX CO-PORTE-PAROLE
D’abord, QS a, à sa naissance, choisi un modèle qu’aucun parti n’avait emprunté : deux co-porte-parole. C’était avant-gardiste pour assurer que l’Option citoyenne de Françoise David et l’Union des forces progressistes d’Amir Khadir seraient pleinement représentées par leur chef respectif.
Or, s’il y a toujours eu deux co-porte-parole, il y a toujours eu un vrai chef quoi qu’en dise QS : le chef parlementaire. Amir et Andrès se sont inclinés devant Françoise, Gabriel devant Manon, jusqu’à ce que Manon cède sa place. Était-ce possible pour Émilise, une jeune femme fougueuse, de s’incliner devant GND ? Je ne le crois pas. Surtout pas dans un parti féministe.
De plus, Françoise et Manon, de par leur expérience et leur sagesse, imposaient certainement une autorité morale difficilement contestable. GND n’a pas encore cette stature.
Dix-huit ans plus tard, QS devrait peut-être se demander si le partage du pouvoir entre deux chefs est toujours viable.
MISSION IMPOSSIBLE ?
Même avec les plus grandes diplomatie et volonté, assurer la pleine participation d’une cheffe extraparlementaire (sans bureau de comté, ressources parlementaires, attachés politiques, frais de subsistance, de logement, de déplacement), entre l’Abitibi et Québec, à environ 900 $ le billet d’avion ou 9 heures de route, cela fait une facture salée ou de la route exténuante.
Émilise Lessard-Therrien était certainement en droit de s’attendre à être chouchoutée et écoutée à titre de nouvelle co-porte-parole. Or, la réalité d’un statut extraparlementaire est immensément complexe et semble avoir été un défi auquel QS s’était mal préparé.