Les Hells Angels préparent une démonstration de force en Estrie et la police a les mains liées
Cette fin de semaine, les Hells Angels et leurs clubs de supporters convergent à Saint-Denisde-Brompton, en Estrie, pour leur rassemblement annuel, le First Run, sous le thème « Intimidation et démonstration de force à l’ère des grandes révoltes ».
Depuis la multiplication des attaques et la révolte de plusieurs indépendants antérieurement à leur solde, les Hells Angels ont décidé d’utiliser leur rassemblement annuel pour remettre les pendules à l’heure.
Habituellement, ces meetings servent à faire des démonstrations de force. On connaît bien le scénario : bécanes, vestes et tatouages. Ils vont d’ailleurs bien surveiller la météo pour pouvoir faire leur show.
Outre la séance d’intimidation, les Hells pourront en profiter pour renforcer le moral des troupes, confirmer les promotions, distribuer les récompenses, discuter des activités criminelles, à savoir le trafic de drogue, d’armes et de femmes, et, bien évidemment, conclure par une fête où l’alcool, la drogue et la prostitution couleront à flots.
Et, nous ? Que faisons-nous ? On prend des photos et du renseignement. Avec un peu de chance, on procède à quelques arrestations. Il y en a toujours quelques-uns qui ont des mandats d’arrêt.
Où est le problème ? Les policiers ont les mains liées !
UNE LIBERTÉ D’EXPRESSION À GÉOMÉTRIE VARIABLE
Au Canada, il existe une liste des entités dites terroristes. Avoir son nom sur cette liste signifie que son existence est de facto illégale sur le territoire canadien. Ses biens peuvent être saisis, être bloqués, etc., même si l’on n’a commis aucun crime. Qu’est-ce que nous attendons pour créer ce genre de liste pour les organisations criminelles ?
Si les Hells peuvent se pavaner de la sorte, c’est parce qu’ils sont protégés par la charte, notamment le droit à la liberté d’expression et d’association. En fait, ne sont illégales que leurs activités criminelles.
Bizarrement, les groupes terroristes n’ont pas ce privilège accordé aux organisations criminelles.
UNE EXPOSITION DÉCOMPLEXÉE
Les Hells Angels sont une marque déposée dans plus de 50 pays. Ils ont des sites internet, vendent des produits, sont sur les réseaux sociaux, blanchissent l’argent sale à gogo. En 2006, la Hells Angels Motorcycle Corporation a même poursuivi Walt Disney pour avoir utilisé son logo lors du tournage du film Wild Hogs. C’est vous dire !
Ils se donnent des allures de bons gars, mais, derrière leur belle Harley et, pour certains, leurs belles gueules, ce sont des vendeurs de drogue, des proxénètes et des assassins. Tout comme les groupes terroristes, ils sont une menace à la sécurité nationale.
Quand j’entends des commentaires du genre « Je préfère les motards aux gangs ! », je me dis que leur stratégie de relations publiques fonctionne bien.
Reste à voir si cette démonstration de force portera ses fruits. Verrons-nous un ralliement des indépendants rebelles ou un écrasement des Bloods ? J’en doute fort.
On ne rétablit pas le respect par une parade. Enfin, plus maintenant, cette technique de boomer ne fonctionne plus.