Pierre Poilievre : agent volontaire de provocation
Pierre Poilievre n’est pas Donald Trump. Impossible toutefois de nier qu’il s’en inspire de plus en plus. C’est sa « recette » de moins en moins secrète. En cela, le chef conservateur est devenu un agent volontaire de provocation.
Il polarise et nourrit la colère contre les institutions et les « élites » dont il fait pourtant partie. Il méprise les médias traditionnels.
Il répète que « tout est brisé » au Canada et accuse le premier ministre Trudeau de « mentir sur tout ».
Il s’acoquine en plein jour avec des mouvements complotistes et d’extrême droite qui, en retour, l’appuient. Il troque le débat raisonné pour l’invective. D’où son expulsion mardi de la Chambre des communes.
EXPULSION
Pierre Poilievre y avait traité Justin Trudeau de cinglé – wacko en anglais. Il s’est ensuite servi de son expulsion pour jouer à la victime, crier à la « censure » et lever des fonds pour le Parti conservateur du Canada (PCC).
De toute évidence, son avance de 20 points dans les sondages l’encourage à durcir encore plus le ton. Mais attention. La montée du PCC doit aussi beaucoup à l’impopularité de Justin Trudeau et l’usure des libéraux.
Dans ce mouvement de balancier, le spectacle inquiétant d’un possible futur premier ministre aux airs trumpiens pourrait finir par détourner une partie des électeurs vers d’autres partis.
COMPAGNONS DE ROUTE GÊNANTS
Selon un sondage Léger/National Post publié mercredi, 18 % des électeurs conservateurs disent d’ailleurs qu’ils pourraient changer d’allégeance d’ici les élections de 2025.
À la prochaine campagne électorale, parce qu’ils rappelleront aux électeurs le très mauvais souvenir du soi-disant convoi de la liberté, les compagnons de route complotistes de M. Poilievre risquent aussi de hérisser des Canadiens.
Devant des sondages favorables, le chef conservateur semble peut-être se croire tout permis, mais c’est un réflexe fort présomptueux.
D’ici quelques mois, qui sait si la « recette » Poilievre ne risque pas d’effrayer même des électeurs qui en ont soupé de Justin Trudeau.