Le Journal de Montreal

Desbiens réplique aux propos sexistes de Cooper

L’entraîneur du Lightning s’est toutefois excusé pour son « analogie inappropri­ée »

- MYLÈNE RICHARD – Avec l’Agence QMI

Les propos sexistes qu’a tenus l’entraîneur-chef Jon Cooper à la suite de l’éliminatio­n du Lightning de Tampa Bay ont eu des échos jusque dans le vestiaire de la formation montréalai­se de hockey féminin et Ann-Renée Desbiens n’a pas mâché ses mots.

« J’étais très déçue de ses commentair­es, il n’y a aucun doute là-dessus. Si je le croise, il va probableme­nt en entendre parler », a laissé tomber la gardienne au terme d’un entraîneme­nt, hier.

Cooper était à fleur de peau après que deux buts eurent été refusés à son club pour obstructio­n sur le gardien, lundi, dans une ultime défaite de 6 à 1 face aux Panthers de la Floride.

« On accepte que ça joue dur [devant le filet] en séries, mais le niveau de tolérance n’est pas le même avec les gardiens. Autant les faire jouer avec des jupes si c’est de cette façon qu’on réagit à la seconde où quelque chose se passe », avait-il déploré.

Des paroles qui ont blessé Desbiens, surtout qu’elle connaît l’avocat de profession pour l’avoir côtoyé avec l’équipe nationale, dont « il est l’un des plus grands supporteur­s ».

« Je suis sûre que si c’était à refaire, il ne le dirait pas ou le dirait autrement. C’était très mal formulé, surtout dans notre milieu aujourd’hui. J’espère qu’il va se corriger et se reprendre parce que mes expérience­s avec lui ont été seulement positives jusqu’à ce commentair­e-là », a-t-elle ajouté.

DES « MOTS ÉMOTIFS ET STUPIDES »

Le souhait de l’athlète de Charlevoix a été entendu puisque Cooper s’est excusé mercredi lors de son bilan de fin de saison, admettant qu’il avait « fait une analogie inappropri­ée ».

« C’est l’un de ces moments où si je pouvais revenir en arrière et reprendre mes mots, je le ferais », a expliqué le père de 56 ans qui « devra s’expliquer » auprès de ses deux filles.

« Ça me fait plus mal que l’éliminatio­n de mon équipe. Ce n’est pas fidèle aux actions que j’ai posées dans le passé. […] J’espère que vous me jugerez sur celles-ci plutôt que sur les mots émotifs et stupides qui sont sortis de ma bouche. »

Même avant de savoir que Cooper avait fait son mea culpa, la défenseure Catherine Daoust lui avait laissé le bénéfice du doute.

« Je pense que ç’a été dit de façon insensible, il n’a pas pensé. Ç’a été dit dans l’émotion. Ce n’est peut-être pas la bonne façon d’amener ce qu’il voulait dire. Je comprends son point, il trouvait les calls un peu ambigus, mais il aurait pu avoir un peu plus de tact », a-t-elle mentionné, précisant que la série Toronto-Boston était celle qui retenait le plus l’attention au sein de l’équipe de Montréal dans la LPHF en raison de la présence de filles qui ont joué ou grandi dans la région de Toronto comme Elaine Chuli et Laura Stacey, ou de Jillian Dempsey, une fière Bostonnais­e.

UN LONG TRAVAIL

Pour sa part, l’attaquante Catherine Dubois n’a pas été surprise que de telles paroles soient prononcées en 2024.

« C’est un long travail et ça va prendre encore beaucoup de temps avant que ça soit normalisé. On s’améliore, alors c’est positif. Mais il va toujours avoir des gens qui auront ce genre de commentair­es. C’est à nous de nous montrer plus matures et de passer par-dessus », a-t-elle philosophé.

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PHOTO AFP La gardienne Ann-René Desbiens et sa coéquipièr­e Marie-Philip Poulin lors du match du 20 avril au Centre Bell contre Toronto.

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