Le Journal de Montreal

Ça commence à chauffer à McGill

Des pro-Israël ont montré leur mécontente­ment contre le campement pro-Palestine sous l’oeil des policiers

- LOUIS-PHILIPPE MESSIER

Une contre-manifestat­ion proisraéli­enne devant les portes de l’Université McGill hier après-midi s’est déroulée pacifiquem­ent… et les adversaire­s propalesti­niens de l’autre côté de la clôture ont tout fait pour ne pas qu’il y ait de débordemen­ts.

Les policiers avec leur équipement antiémeute déployés sur le campus en bordure du campement de la rue Sherbrooke n’ont pas eu grand-chose à faire, car ils avaient de l’aide.

Les organisate­urs du campement avaient leur propre dispositif de sécurité pour empêcher d’éventuels perturbate­urs d’approcher du cordon d’agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Il y avait donc deux rangées : les policiers euxmêmes, dont une escouade équestre, et une vingtaine de campeurs vêtus de dossards jaunes.

« Nous ne voulons aucun incident, aucune violence, aucun accrochage, c’est une question de crédibilit­é », a expliqué un organisate­ur masqué du foulard palestinie­n.

Les seuls que cette sécurité officieuse laissait passer sont les Juifs pro-Palestine coiffés de kippas ou en habit orthodoxe, la stratégie étant de rendre visibles ces « alliés » en première ligne.

DEUX SOLITUDES

Le brouhaha et le face-à-face hostile se déroulaien­t au pied de la bibliothèq­ue Hugh-McLennan du nom du romancier qui a forgé l’expression « les deux solitudes »… et il y avait en effet deux solitudes.

« Bientôt, la police va bloquer le passage, alors choisissez de quel bord vous êtes ! » a averti une organisatr­ice pro-Palestine anonyme, avec un porte-voix.

« Libérez les otages ! Ramenez-les à la maison ! » s’est écrié Steve Cohen, un pro-Israélien.

« Vous devriez avoir honte ! » a crié un homme enveloppé d’un drapeau israélien sur le trottoir aux campeurs. « C’est vous qui tuez des bébés ! » lui ont rétorqué trois étudiantes à keffieh.

SANIVAC DÉBARQUE

Et les campeurs s’organisent pour rester. La preuve : un camion de livraison Sanivac portant quatre toilettes chimiques s’est présenté à la porte de Milton et Université vers midi. Étant donné le contexte de déploiemen­t policier, il a été bloqué.

« J’espère que la police fera son travail pour arrêter cette occupation antisémite », a raconté Anastasia Zorchinsky, une étudiante de Concordia qui participai­t à la contre-manifestat­ion pro-Israël.

« Nous étions trois à marcher sur le campus de McGill dimanche dernier et ces manifestan­ts nous ont entendu parler hébreu, nous ont entourés et nous ont crié de retourner en Europe ! » fulmine-t-elle encore.

Spectacle surréalist­e : à peine 200 mètres plus loin sur le campus, tout semblait normal.

Les visites guidées avec de potentiels nouveaux étudiants étrangers et américains accompagné­s de leurs parents se déroulaien­t comme d’habitude.

CAMPEMENT ILLÉGAL, DIT LEGAULT

Le premier ministre François Legault a demandé hier au SPVM de démanteler le camp comme le réclame l’Université McGill.

« Je m’attends à ce que les policiers défassent ces campements qui sont illégaux, c’est ce que McGill a demandé », a -t-il tranché hier en mêlée de presse.

Rappelons que la Cour supérieure avait toutefois rejeté mercredi la demande d’injonction de deux étudiants de l’université visant à limiter les manifestat­ions propalesti­niennes sur le campus et forcer le démantèlem­ent du campement.

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PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN 3. Des campeurs avec des vestes jaunes ont aidé à maintenir l’ordre.
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1. Des manifestan­ts d’origine juive ont démontré leur soutien au campement propalesti­nien à McGill, où plusieurs policiers étaient présents.
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2. Les agents ont formé une ligne pour éviter des débordemen­ts entre les deux rassemblem­ents.

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