Ça commence à chauffer à McGill
Des pro-Israël ont montré leur mécontentement contre le campement pro-Palestine sous l’oeil des policiers
Une contre-manifestation proisraélienne devant les portes de l’Université McGill hier après-midi s’est déroulée pacifiquement… et les adversaires propalestiniens de l’autre côté de la clôture ont tout fait pour ne pas qu’il y ait de débordements.
Les policiers avec leur équipement antiémeute déployés sur le campus en bordure du campement de la rue Sherbrooke n’ont pas eu grand-chose à faire, car ils avaient de l’aide.
Les organisateurs du campement avaient leur propre dispositif de sécurité pour empêcher d’éventuels perturbateurs d’approcher du cordon d’agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Il y avait donc deux rangées : les policiers euxmêmes, dont une escouade équestre, et une vingtaine de campeurs vêtus de dossards jaunes.
« Nous ne voulons aucun incident, aucune violence, aucun accrochage, c’est une question de crédibilité », a expliqué un organisateur masqué du foulard palestinien.
Les seuls que cette sécurité officieuse laissait passer sont les Juifs pro-Palestine coiffés de kippas ou en habit orthodoxe, la stratégie étant de rendre visibles ces « alliés » en première ligne.
DEUX SOLITUDES
Le brouhaha et le face-à-face hostile se déroulaient au pied de la bibliothèque Hugh-McLennan du nom du romancier qui a forgé l’expression « les deux solitudes »… et il y avait en effet deux solitudes.
« Bientôt, la police va bloquer le passage, alors choisissez de quel bord vous êtes ! » a averti une organisatrice pro-Palestine anonyme, avec un porte-voix.
« Libérez les otages ! Ramenez-les à la maison ! » s’est écrié Steve Cohen, un pro-Israélien.
« Vous devriez avoir honte ! » a crié un homme enveloppé d’un drapeau israélien sur le trottoir aux campeurs. « C’est vous qui tuez des bébés ! » lui ont rétorqué trois étudiantes à keffieh.
SANIVAC DÉBARQUE
Et les campeurs s’organisent pour rester. La preuve : un camion de livraison Sanivac portant quatre toilettes chimiques s’est présenté à la porte de Milton et Université vers midi. Étant donné le contexte de déploiement policier, il a été bloqué.
« J’espère que la police fera son travail pour arrêter cette occupation antisémite », a raconté Anastasia Zorchinsky, une étudiante de Concordia qui participait à la contre-manifestation pro-Israël.
« Nous étions trois à marcher sur le campus de McGill dimanche dernier et ces manifestants nous ont entendu parler hébreu, nous ont entourés et nous ont crié de retourner en Europe ! » fulmine-t-elle encore.
Spectacle surréaliste : à peine 200 mètres plus loin sur le campus, tout semblait normal.
Les visites guidées avec de potentiels nouveaux étudiants étrangers et américains accompagnés de leurs parents se déroulaient comme d’habitude.
CAMPEMENT ILLÉGAL, DIT LEGAULT
Le premier ministre François Legault a demandé hier au SPVM de démanteler le camp comme le réclame l’Université McGill.
« Je m’attends à ce que les policiers défassent ces campements qui sont illégaux, c’est ce que McGill a demandé », a -t-il tranché hier en mêlée de presse.
Rappelons que la Cour supérieure avait toutefois rejeté mercredi la demande d’injonction de deux étudiants de l’université visant à limiter les manifestations propalestiniennes sur le campus et forcer le démantèlement du campement.